En dépit de cette amélioration, la faim a continué de gagner du terrain dans la plupart des sous-régions d’Afrique et d’Asie de l’Ouest, souligne le rapport rendu public lundi soir à Addis-Abeba, à l’occasion du 2e Bilan du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.
La document relève que des améliorations notables sont constatées en Asie du Sud et en Amérique latine, notant que la prévalence de la sous-alimentation en Asie a été ramenée de 7,9 pour cent en 2022 à 6,7 pour cent (323 millions de personnes) en 2024. En outre, la région Amérique latine et Caraïbes a vu cette prévalence tomber à 5,1 pour cent (34 millions de personnes) en 2024, alors qu’elle avait atteint un pic de 6,1 pour cent en 2020, selon la même source.
Malheureusement, cette tendance positive contraste fortement avec la hausse constante de la faim en Afrique et en Asie de l’Ouest, où de nombreux pays subissent des crises alimentaires prolongées, fait observer le rapport, expliquant qu’en Afrique, plus de 20 pour cent de la population était confrontée à la faim en 2024, ce qui représente 307 millions de personnes. En Asie de l’Ouest, cette proportion est estimée à 12,7 pour cent de la population, soit plus de 39 millions de personnes.
La même source affirme par ailleurs que d’après les projections, 512 millions de personnes pourraient souffrir de sous-alimentation chronique d’ici à 2030, ajoutant que presque 60 pour cent d’entre elles seront en Afrique.
Ces chiffres mettent en lumière l’immense défi que représente la réalisation de l’objectif de développement durable (ODD) 2 (Élimination de la faim), ont averti l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui ont publié ce document.
L’édition 2025 du rapport contient également un examen des causes et des conséquences de la flambée des prix des produits alimentaires de 2021 à 2023, et de l’incidence de cette tendance sur la sécurité alimentaire et la nutrition.
Le document souligne dans ce sens que les mesures stratégiques prises à l’échelle mondiale face à la pandémie de covid-19 – notamment des interventions budgétaires et monétaires de grande ampleur –, associées aux conséquences de la guerre en Ukraine et aux phénomènes météorologiques extrêmes, ont contribué aux tensions inflationnistes observées récemment.
L’inflation des prix des aliments a entravé le relèvement après la pandémie sur les plans de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Depuis 2020, l’inflation mondiale des prix des denrées alimentaires est systématiquement supérieure à l’inflation globale, fait remarquer la même source, expliquant que l’écart le plus important a été enregistré en janvier 2023, lorsque l’inflation des prix des produits alimentaires a atteint 13,6 pour cent, soit 5,1 points de pourcentage de plus que l’inflation globale (8,5 pour cent).
Les pays à faible revenu en particulier ont été durement touchés par l’augmentation des prix des aliments, précise le document, relevant que la médiane de l’inflation des prix des denrées alimentaires dans le monde est passée de 2,3 pour cent en décembre 2020 à 13,6 pour cent au début de 2023, mais les pays à faible revenu ont subi des hausses encore plus fortes, qui ont porté l’inflation à 30 pour cent en mai 2023.
Malgré la hausse mondiale des prix des produits alimentaires, le nombre de personnes n’ayant pas les moyens de s’alimenter sainement dans le monde a diminué, passant de 2,76 milliards en 2019 à 2,60 milliards en 2024, selon la même source qui estime, toutefois, que cette amélioration est inégale. Dans les pays à faible revenu, où le coût d’une alimentation saine a davantage augmenté que dans les pays à revenu plus élevé, le nombre de personnes qui n’ont pas les moyens de manger sainement, lequel s’établissait à 464 millions en 2019, a atteint 545 millions en 2024. Dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (à l’exception de l’Inde), ce chiffre est passé de 791 millions en 2019 à 869 millions en 2024.
Les auteurs du rapport recommandent un ensemble de mesures stratégiques à prendre face à l’inflation des prix des aliments dont notamment des mesures budgétaires ciblées et assorties d’un calendrier précis, comme des programmes de protection sociale, visant à protéger les ménages vulnérables, des politiques monétaires crédibles et transparentes destinées à juguler les tensions inflationnistes, et des investissements stratégiques dans la recherche-développement, les transports et les infrastructures de production du secteur agroalimentaire et les systèmes d’information sur les marchés, en vue d’améliorer la productivité et la résilience.
