Diffusion du concert d’ElGrande Toto sur 2M: la HACA rappelle la chaîne publique à ses obligations, classe les plaintes sans suite

Plus de 190 plaintes ont été adressées à la Haute autorité de la communication audiovisuelle du Maroc (HACA) après la diffusion du concert du célèbre rappeur marocain d’El Toto 2M. Rappelant la chaîne à assurer un contexte de diffusion approprié, le régulateur a cependant classé l’affaire sans suite au nom de la liberté de création et d’expression.

La diffusion par 2M du concert du rappeur, dans le cadre du Festival Mawazine, a provoqué une vive polémique sur les réseaux sociaux, qui a nécessité l’arbitrage de la HACA.

Habitué aux provocations, ElGrande Toto, artiste arabe le plus recherché au Maghreb et au Moyen-Orient sur la plateforme Spotify, est apparu sur scène portant un t-shirt avec le mot « Salgot » (voyou). Les paroles de ses chansons ont également été jugées « vulgaires ».

« Il est regrettable qu’un concert couronné de succès, qui a battu tous les records du festival des vingt éditions (Ndlr 400 000 spectateurs), soit réduit à des détails superficiels, occultant la dimension artistique, populaire et le message porté, au profit d’une critique sélective ciblant des éléments qui font partie intégrante de l’identité et du style de l’artiste », a déploré une source proche du rappeur, de son vrai nom Taha Fahsi, dont le single « Blue Love » vient de dépasser le milliard d’écoute en ligne.

Même si la HACA n’a pas sanctionné la chaîne publique au nom de la liberté d’expression et de création, elle l’a toutefois rappelé à l’ordre, estimant que 2M « n’a pas assuré un contexte de diffusion approprié ».

Les explications de la HACA: 

Dans sa décision n°25-30, adoptée lors de la réunion du 17 juillet 2025, la HACA a révélé avoir reçu un nombre important de plaintes entre le 2 et le 7 juillet 2025.

Les plaignants estiment que le spectacle, qui s’est tenu sur la scène des stars internationales OLM Souissi, contenait des propos et des scènes jugés contraires aux bonnes mœurs et susceptibles d’influencer négativement les jeunes générations, explique le régulateur marocain.

Si la HACA a décidé de privilégier les jeunes expressions artistiques en refusant de censurer les artistes et de stigmatiser leurs publics, l’instance a cependant rappelé 2M à l’ordre. « La chaîne n’a pas assuré un contexte de diffusion approprié», notamment par l’usage de signalisations et la prise en compte du public ciblé.

La HACA a rappelé que son rôle consiste à garantir que les contenus audiovisuels, en particulier ceux relevant du service public, soient conformes aux lois encadrant le secteur et respectueux des valeurs démocratiques ainsi que des droits fondamentaux de toutes les catégories de public.

Mettant l’accent sur le respect de la liberté d’expression dans le modèle de régulation audiovisuel national, la HACA tient à préciser qu’elle n’a pas vocation à censurer la création artistique ni à intervenir dans les choix éditoriaux des diffuseurs.

Le contrôle de la qualité artistique des œuvres ne relève pas de ses compétences, précise l’instance, insistant en revanche sur la responsabilité des opérateurs publics à protéger les publics sensibles et à respecter les engagements prévus dans leurs cahiers des charges.

L’équilibre entre liberté éditoriale et préservation des valeurs communes est, selon l’instance, un impératif du service public.

La HACA assume pleinement sa position : en l’absence de manquement grave ou intentionnel, le rappel à l’ordre suffit, tout en réaffirmant que l’inclusion des jeunes générations et de leurs codes culturels fait aussi partie du rôle du service public audiovisuel.

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