La Nouvelle-Calédonie, un enjeu stratégique pour la France

La Nouvelle-Calédonie, où se déroule dimanche un référendum d’autodétermination historique, est stratégique pour Paris en raison de ses ressources en nickel mais aussi pour répondre à l’hégémonie de la Chine en Océanie, alors que la France devient le dernier pays européen du Pacifique selon le président Emmanuel Macron.

"Je ne prendrai pas parti dans ce référendum", a déclaré en mai le président français en visite à Nouméa, capitale de la Nouvelle-Calédonie, soucieux de ne pas s’immiscer dans une campagne référendaire potentiellement à risques.

"La France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie", a néanmoins ajouté M. Macron avant de se livrer à un long exposé de sa stratégie "d’axe indo-pacifique", dans laquelle il attribue un rôle essentiel au "Caillou" (surnom du territoire).

"Je crois (…) dans la place que ce territoire occupe dans une stratégie plus large que nous devons avoir dans toute la région", a relevé M. Macron, estimant que les États-Unis "avaient plutôt tourné le dos à la région ces derniers mois", et que la Chine était "en train de construire son hégémonie pas à pas".

Entre 2006 et 2014, Pékin a injecté 1,8 milliard de dollars dans les pays insulaires du Pacifique, devenant le troisième pourvoyeur d’aide au développement après l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Dimanche, la Nouvelle-Calédonie choisira si elle reste dans la République française, à l’occasion d’un référendum d’autodétermination qui intervient au terme de trente ans de décolonisation graduelle.

Bien que le scénario d’une rupture semble improbable au vu des sondages, une victoire de l’indépendance constituerait pour la France la perte d’un relais diplomatique dans une zone en pleine expansion où elle incarne, depuis le Brexit, le dernier pays européen.

Face à la voracité chinoise, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, les deux puissances régionales, n’ont cessé de répéter ces dernières années que la France était nécessaire à la stabilité de cette partie du monde. L’archipel, situé à 2.000 kilomètres à l’est des côtes australiennes, abrite la plus importante base militaire française du Pacifique.

"La perte du territoire calédonien serait pour la France synonyme d’une perte majeure de souveraineté dans la Pacifique", estimait en 2017 Bastien Vandendyck, expert en relations internationales, dans une revue de l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques).

"Tout à la fois intégrée au continent océanien et aux portes de l’Asie du sud-est, (la Nouvelle-Calédonie) offre un emplacement stratégique de premier choix", ajoutait-il.

D’un point de vue économique, la Nouvelle-Calédonie, où se trouve environ un quart des réserves de nickel de la planète, permet aussi à la France d’être le cinquième producteur mondial de ce métal indispensable à la fabrication d’acier inoxydable.

Vaste d’1,4 million de kilomètres carrés, la Zone économique exclusive (ZEE) du Caillou, deux fois et demie la superficie de l’Hexagone, recèle en outre d’immenses potentiels économiques: pêche, énergies marines renouvelables, réserves minière, micro-algues.

Joyau de la biodiversité, la Nouvelle-Calédonie possède aussi "un des trois systèmes récifaux les plus vastes au monde" selon l’Unesco qui a inscrit ses lagons au patrimoine de l’humanité, ainsi qu’une faune et une flore à l’endémisme exceptionnel.

Elle est pour la France une tête de pont du "combat contre le réchauffement climatique", selon les termes d’Emmanuel Macron, dans une région directement exposée à ses conséquences (montée du niveau de la mer, blanchissement des coraux, cyclones…)

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