"Elle a été libérée. On m’a dit qu’elle était dans un avion mais personne ne sait où elle va atterrir", a écrit Me ul-Mulook dans un message à l’AFP.
Selon un responsable de l’aviation civile, l’aéronef, immatriculé au Pakistan, doit se poser à Islamabad.
D’après un autre cadre de l’aviation civile, basé à Multan, l’avion avait atterri dans la soirée avec "quelques étrangers et quelques Pakistanais" à son bord, sans plus de précision.
L’ordre d’élargissement est parvenu mercredi à la prison de Multan (centre), où elle était détenue, a indiqué un cadre pénitentiaire à l’AFP. Soit une semaine jour pour jour après son acquittement par la Cour suprême, qui avait alors prononcé sa libération "immédiate".
Le mari d’Asia Bibi a réclamé samedi l’asile pour sa famille aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou au Canada, arguant d’un trop grand danger s’ils restaient au Pakistan.
"Je demande au président Donald Trump de nous aider à partir. Après cela, je demande à la Première ministre britannique (Theresa May) de faire de son mieux pour nous aider", a déclaré Ashiq Masih dans un message vidéo. Le mari d’Asia Bibi a également sollicité l’"aide" du Premier ministre canadien Justin Trudeau.
Mercredi, une autre vidéo de M. Masih a été mise en ligne par l’association italienne catholique Aiuto alla chiesa che soffre (Aide à l’Eglise qui souffre), dans laquelle il demande l’aide du gouvernement italien pour les faire sortir du Pakistan où les conditions de vie deviennent selon lui très difficiles.
"Nous sommes très préoccupés car nos vies sont en danger. Nous n’avons même plus de quoi manger parce que nous ne pouvons plus sortir faire des courses", y déclare le mari d’Asia Bibi, selon la traduction italienne de ses déclarations.
Après ce message, le Premier ministre italien Matteo Salvini a tweeté qu’il ferait "tout ce qu’il est humainement possible pour garantir un avenir à cette femme".
La France "étudie" de son côté sous quelle forme elle pourrait aider ou accueillir la chrétienne "avec (ses) partenaires européens et internationaux", a déclaré sa secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.
"Le président de la République et le ministre des Affaires étrangères, concernés par la situation d’Asia Bibi, suivent ce dossier de très près depuis le début", a-t-elle poursuivi dans un communiqué.
La maire de Paris Anne Hidalgo s’est dite lundi "prête à l’accueillir" avec sa famille dans la capitale française.
L’affaire Asia Bibi divise fortement le Pakistan, pays musulman très conservateur où le blasphème est un sujet extrêmement sensible. Des accusations suffisent à provoquer des lynchages.
Après que son acquittement a été prononcé, des islamistes, qui exigent son exécution, ont bloqué trois jours durant les principaux axes du pays, poussant le gouvernement du Premier ministre Imran Khan à signer un accord controversé avec eux.
L’exécutif s’y est engagé à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire et à ne pas bloquer une requête en révision du jugement d’acquittement. L’accord a été critiqué par de nombreux Pakistanais.
Mme Bibi, ouvrière agricole chrétienne âgée d’une cinquantaine d’années et mère de cinq enfants, avait été condamnée à mort en 2010 pour blasphème à la suite d’une dispute avec des villageoises musulmanes au sujet d’un verre d’eau.
Son cas avait ému la communauté internationale, attirant l’attention des papes Benoît XVI et François. L’une de ses filles a rencontré ce dernier à deux reprises.