SIEL 2024 : Leïla Slimani convie le public à une immersion dans les tréfonds de son écrin littéraire
« Le roman est un mensonge, mais un mensonge qui dit la vérité”, c’est avec cette phrase à la fois paradoxale et intelligible que Leïla Slimani a captivé l’attention de l’assistance pour la rapprocher du caractère simple et exaltant de sa littérature.
Devant une salle comble, la romancière a souligné que dans le roman, il s’agit d’inventer des choses qui n’existent pas dans les faits, mais qui portent tout de même une vérité, faisant remarquer que le réel paraît quelquefois ennuyeux, d’où l’intérêt de recourir à l’écriture comme moyen de s’évader et de créer son propre monde imaginaire.
“Mon identité, c’est foncièrement d’être romancière, parce que j’aime le travail de l’imagination”, a-t-elle soutenu, appelant à ne pas empêcher les gens de raconter une bonne histoire “sous prétexte qu’elle n’est pas tout à fait vraie”.
Qualifiant d’effrayant et de vertigineux le roman, Leïla Slimani a expliqué que ce genre littéraire semble difficile et complexe, mais complet, dans lequel “vous êtes à la fois photographe, réalisateur, acteur, costumier…”.
Le roman représente l’art absolu, a indiqué l’écrivaine, notant qu’il occupe une grande place dans la vie, l’esprit et le corps, d’autant plus qu’il requiert un tel engagement au point que toutes les autres tâches quotidiennes paraissent beaucoup plus faciles.
Leïla Slimani qui se dit “une écrivaine de l’arrière-pensée”, entend raconter le monde à travers le regard de ses personnages, tout en refusant de céder aux “discours monolithiques” et en favorisant une architecture des mots et une écriture de sentiments.
“Avant d’être une romancière, je suis une lectrice. J’ai passé mon enfance, mon adolescence et ma jeunesse à lire des livres”, a par ailleurs rappelé la romancière. « J’ai passé plus de temps à lire qu’à vivre », a-t-elle affirmé.
Elle a, d’autre part, mis en avant la nécessité de pouvoir vivre ensemble sur un socle commun permettant de mener une vie paisible sans partager forcément les mêmes visions.
“C’est ce qui fait la richesse » du Maroc, a-t-elle précisé, citant le fait de pouvoir parler plusieurs langues, d’avoir différents points de vue et de permettre la cohabitation et la coexistence entre des personnes qui pensent différemment.
Née à Rabat, Leïla Slimani est diplômée de Sciences-Po Paris et de l’Ecole supérieure de commerce de Paris. Après des expériences dans le cinéma et le théâtre, elle devient journaliste à l’hebdomadaire Jeune Afrique en 2008. Pendant quatre ans, son travail de reporter lui permet d’assouvir sa passion pour les voyages, les rencontres et la découverte du monde.
En 2014, elle a publié son premier roman chez Gallimard, « Dans les Jardins de l’ogre » qui obtient le prix de la Mamounia. Son deuxième roman, « Chanson douce », a obtenu le prix Goncourt 2016, ainsi que le Grand Prix des lectrices Elle 2017.