« Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder ». Cette phrase du président français Emmanuel Macron dans un entretien aux lecteurs du Parisien ce mercredi matin a provoqué un tollé et hystérisé la campagne présidentielle 2022.
« Donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout, c’est ça la stratégie », martèle le chef de l’État. Dans ce but, le président assure ne pas vouloir mettre les concernés « en prison », mais souhaite les priver de certaines activités sur le long terme.
« Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force », estime Macron. « Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen ».
L’épidémie de Covid-19 flambe. Près de 300.000 cas enregistrés mardi. Les services de réanimation sont majoritairement remplis de non-vaccinés.
Si le président de la République a laissé ces dernières semaines son Premier ministre Jean Castex monter au front sur le sujet du Covid-19, ses propos ressemblent bien plus à ceux d’un candidat que d’un président.
Cette sortie semble pourtant très loin de son mea culpa esquissé lors de son entretien-fleuve sur TF1 le 15 décembre dernier.
« Dans certains de mes propos, j’ai pu blesser des gens. On peut faire bouger les choses sans blesser. C’est ça que je ne referai plus », promettait alors le président de la République.
Il expliquait alors regretter les polémiques verbales qui ont émaillé son mandat, de « ceux qui ne sont rien » à « il suffit de traverser la rue pour trouver un travail ».
Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de communication politique et professeur associé à Sciences-Po Paris, y voit dans la phrase du président une « diversion », en pleine explosion du nombre de cas dus au variant Omicron.
Mélenchon: « la vulgarité n’apporte rien »
« La vulgarité n’apporte rien, il faut convaincre et non pas contraindre », a répondu le leader des Insoumis au président, qui dit vouloir « emmerder » les non-vaccinés.
Le candidat à la présidentielle appelle le Premier ministre Jean Castex à venir s’exprimer devant l’Assemblée nationale, où le projet de loi sur le pass vaccinal est actuellement examiné.
« Le Premier ministre doit (…) nous expliquer la stratégie de l’emmerdement », argue-t-il. « Dans ni’mporte quelle démocratie, le pouvoir exécutif doit s’expliquer devant le pouvoir parlementaire, c’est un minimum. »
« Il clive, divise alors que le pays n’a jamais été autant fracturé. Il a dit avoir appris à aimer les Français, ça n’a pas duré. Évidemment, ça interroge sur la présidentialité d’Emmanuel Macron », estime l’entourage de Valérie Pécresse candidate LR à la présidence.
« Président, j’arrêterai d’emmerder les Français. Le président sortant, lui, parle ouvertement d’emmerder une catégorie de Français », déclare pour sa part Eric Zemmour, candidat d’extrême droite.
« En 2016, Emmanuel Macron avait refusé la déchéance de nationalité pour les terroristes islamistes (…) Là, les non-vaccinés seraient plus dangereux que des terroristes? », lance Eric Ciotti, conseiller de la candidate de droite Valérie Pécresse.
« Le président Macron considère donc que 5 millions de Français ne sont plus citoyens », s’indigne de son côté la députée de la gauche radicale Clémentine Autain.