Des affrontements ont eu lieu mardi entre des inconnus et des étudiants du puissant syndicat Fesci, proche de l’opposition, puis entre les étudiants et les forces de l’ordre, faisant deux blessés, à moins de 15 jours de la présidentielle du 31 octobre, a constaté un journaliste de l’AFP.
Une cinquantaine d’individus armés de gourdins et machettes ont pénétré dans le campus dans la matinée, selon le témoignage de plusieurs étudiants, qui les ont qualifiés de « loubards » ou de « microbes », mot utilisé pour les délinquants mineurs mais utilisé depuis quelques semaines par l’opposition pour désigner des « milices » qui seraient , selon elle, contrôlées par le pouvoir.
Les forces de l’ordre ont ensuite dispersé à coups de gaz lacrymogènes les fauteurs de troubles, les échauffourées ayant débordé dans les rues avoisinantes.
Les Fescistes ont notamment intercepté deux individus, qui portaient sur eux des traces de bagarres. L’un d’entre eux saignait abondamment et a du être transporté en brouette, selon plusieurs videos montrées par les fescistes à l’AFP.
Landry Guero, le secrétaire général adjoint de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) a confirmé la version donnée par les étudiants et affirmé que ces individus ont été « remis à la police ».
Ces événements surviennent au lendemain de heurts entre la police et des étudiants qui s’étaient mis en grève pour dénoncer les frais de scolarité annexes payés par les étudiants et élèves du pays.
Toutefois, « le mot d’ordre de grève a été suspendu à 15h lundi », a-t-il indiqué, affirmant que gouvernement a accepté d’ouvrir les négociations.
Il a nié toute « instrumentalisation » ou « politisation » du mouvement étudiant dans un contexte de campagne électorale tendue.
Lundi, des étudiants avaient incendié plusieurs véhicules et des troubles liées à la situation politique ont eu lieu dans plusieurs villes du pays faisant un mort à Bonoua (60 km d’Abidjan).
Mardi, la situation était plus calme mais des véhicules ont été incendiés dans le quartier populaire de Yopougon à Abidjan et plusieurs routes du pays ont été barrées par des manifestants.
Les craintes de nouvelles violences sont grandes, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts et qui était survenue après une décennie de tensions.
« C’est vrai que nous constatons quelques violences de part et d’autres. C’est aussi un mauvais cliché de vouloir présenter ces quelques violences comme étant une généralisation au niveau national », a affirmé mardi le porte-parole du gouvernement Sidi Tiemoko Touré, accusant l’opposition.
« Ce sont des violences qui sont localisées dans certaines localités pour la plupart proches de certains leaders d’opinion, Daoukro (fief de l’ancien président Henri Konan Bédié, candidat), Bonoua pour ce qui relève de Mme Simone Gbagbo (ancienne Première dame). Violences, il faut le relever orchestrées, manipulées par ces différents leaders politiques de l’opposition », a-t-il assuré.
« Une manipulation qui vise à opposer les communautés dans les localités de ces différents leaders d’opinion (…) Nous suivons ça avec beaucoup d’attention pour ne pas que cela aille plus loin. Toutes les dispositions seront prises pour assurer la sécurité de l’exercice du vote au moment opportun », a-t-il conclu.
Une vingtaine de personnes sont mortes depuis le mois d’aout dans des violences liées à la présidentielle.