Car comment se fait-il que Nicolas Sarkozy, dont la courbe de popularité n’a jamais autant tutoyé le niveau de la mer, soit encore aujourd’hui le grand champion des « intentions de vote » au premier tour ? Comment se fait-il que lui, grâce à son remaniement de campagne, soit déjà en ordre de marche dans la perspective de 2012 (a-t-il d’ailleurs jamais cessé de l’être) et qu’en face, à près de 500 jours du scrutin, le souffle des idées dans les couloirs de Solfé ressemble, trait pour trait, à un vent glacial balayant une morne plaine ? Ces deux questions sont en fait intimement liées.
Certes le PS travaille, multiplie les conventions et même les propositions. Mais qu’en ressort-il ? Rien de cohérent. Le principal est ailleurs : il s’agit de préserver coûte que coûte les équilibres internes. C’est dans ce rôle qu’a décidé de se cantonner Martine Aubry. Le contre-projet socialiste sur les retraites l’a montré : il ne s’agissait pas de satisfaire une aile du parti plutôt qu’une autre, mais toutes à la fois : les 60 ans pour les uns et l’allongement de la durée de cotisation pour les autres.
Et il faudrait que la mascarade de la préservation des équilibres continue encore un an ? Il faudrait qu’elle perdure jusqu’à ce que Dominique « si-monsieur-veut-bien » Strauss-Kahn dise, enfin, s’il est candidat ou non ? Depuis des mois maintenant, à juste titre, François Hollande demande que le calendrier des primaires socialistes soit avancé. Ségolène Royal qui n’était pas sur cette ligne à l’origine, partage aujourd’hui ce point de vue. Ajoutons à ces deux-là, Manuel Valls. Tous trois, évidemment se voient soupçonnés de vouloir couper l’herbe sous le pied de DSK. Peut-être. Et quand bien même ? Il faudrait que le « peuple de gauche » attende sagement que le patron du FMI lui fasse part de son bon vouloir. Aubry peut rompre le pacte de non-agression, le pacte dit « de Marrakech », qui la lie à Strauss-Kahn. Elle doit le faire. Ou peut-être a-t-elle déjà choisi son camp…
Par Gérald Andrieu, Marianne