Dans le pays, les contestations se sont déjà élevées. Les partisans du chef d’Etat sortant, Laurent Gbagbo, ont protesté, notamment durant une conférence de presse dont les images ont fait le tour du monde. Un pro-Gbagbo y déchire les feuilles d’un représentant de la CEI, censé annoncer des résultats. Les soutiens d’Alassane Ouattara revendiquent, eux, la victoire. Les rumeurs couraient dans les rues d’Abidjan mercredi soir. Sans fondement, puisqu’aucun chiffre n’est disponible. "Nous n’avons pas perdu", a protesté Pascal Affi NGuessan, directeur de campagne de Laurent Gbagbo. "Nous avons demandé l’annulation des résultats dans plusieurs régions du Nord où il n’y avait à l’évidence pas eu de vote, mais au contraire une mascarade pour organiser une fraude électorale au profit d’Alassane Ouattara", a-t-il estimé. Le camp du président renvoie à la division du pays entre Nord, d’où vient Alassane Ouattara, et Sud.
Pression internationale
Le challenger, lui, a jugé "inacceptable" le retard de la publication des résultats. Il a invité son adversaire à s’en tenir à l’accord qu’ils avaient conclu avant le scrutin sur le respect le verdict des urnes, mais il s’est gardé de crier victoire. Après la déclaration de la CEI, le Conseil constitutionnel doit approuver les résultats. Son président, Paul Yao NDre, est un allié de Laurent Gbagbo. L’incertitude règne donc sur les conséquences des annonces ou de l’absence d’annonce.
La communauté internationale garde en mémoire les violences de 2004. Dans la soirée, l’Union européenne a pressé Abidjan de proclamer les résultats dans les délais légaux. Plus tôt Paris et Washington avaient exprimé leurs inquiétudes. "Le processus électoral doit à présent être conduit à son terme de façon transparente, apaisée et sans entraves", a déclaré le chef de l’Etat français dans un communiqué publié mercredi après-midi. "La volonté du peuple ivoirien doit être pleinement respectée. Il est essentiel que la Commission électorale indépendante annonce les résultats dans le délai prévu, c’est-à-dire avant ce soir". Déjà, jeudi matin, de petits groupes de jeunes gens, pro-Gbagbo ou pro-Ouattara, protestaient dans les rues d’Abidjan.