En France, 40 % des victimes de discriminations sont d’origine immigrée
En France, 40 % des personnes ayant déclaré une discrimination sont immigrées ou enfants d’immigrés alors que ces deux catégories ne représentent ensemble que 22% de la population adulte résidant sur le territoire métropolitain », selon l’enquête « Trajectoires et Origines » (TeO), menée par l’Insee et l’Ined et rendue publique mardi 30 mars.
On savait les immigrés et enfants d’immigrés plus exposés aux discriminations. L’enquête TeO révèle des écarts marqués selon les origines.
Globalement, un peu moins de 14 % des personnes déclarent avoir vécu des discriminations dans les cinq dernières années quel que soit le motif (sexiste, raciste, homophobe, lié à l’âge, à la religion ou à l’état de santé), le lieu ou les circonstances (travail, logement, établissement scolaire, espace public).
Mais si l’expérience est rapportée par 10 % des individus composant la "population majoritaire" (ensemble des Français qui ne sont pas immigrés ni fils ou filles d’immigrés ou de personnes nées dans les DOM), elle l’est par 26 % des immigrés et par 24 % des enfants d’immigrés.
Près de la moitié des immigrés et fils et filles d’immigrés originaires d’Afrique subsaharienne déclarent avoir vécu une expérience de dicrimination.
Les personnes natives des Dom et leurs enfants nés en métropole, comme les minorités originaires du Maghreb sont, elles, quatre fois plus nombreuses à se dire discriminées que les non immigrés.
Bien que de façon moindre, les personnes originaires de Turquie et d’Asie du sud Est, et leurs enfants, rapportent deux à trois fois plus souvent des discriminations.
Seuls les Européens ne se disent pas plus discriminés que les non immigrés.
Ce poids de l’origine dans l’expression du sentiment d’être discriminé ou injustement traité se voit confirmé par les motifs pour lesquelles les personnes pensent avoir été discriminés.
Le principal motif cité est en effet l’origine ou la nationalité (37 %). Viennent ensuite la couleur de peau (17 %), le sexe (17 %) et l’âge (12 %).
Dans l’impression de discrimination, l’âge joue un rôle important. Les jeunes de 25 à 34 ans évoquent plus fréquemment des discriminations que leurs aînés ou que leurs cadets, à conditions égales.
La position sociale a, elle, des effets nuancés sur le sentiment de discrimination : si la catégorie socioprofessionnelle joue peu – les discriminations peuvent être ressenties dans toutes les professions -, le niveau d’étude a en revanche une incidence importante. Plus on est diplômé, plus on déclare subir des discriminations.
La croyance et l’appartenance religieuse ont aussi un impact : quelles que soit leurs origines, les musulmans rapportent davantage de discriminations que les personnes se déclarant sans religion, ou de religion chrétienne, bouddhiste, ou juive.