La justice soupçonne l’existence de rétro-comissions, liées à deux contrats d’armement signés sous le gouvernement Balladur, qui auraient pu alimenter la campagne présidentielle de l’ancien Premier ministre en 1995. Ce dont s’est défendu à plusieurs reprises Edouard Balladur.
M. Donnedieu de Vabres a été conseiller du ministre de la Défense, François Léotard, entre 1993 à 1995.
Plusieurs témoins ont affirmé que deux intermédiaires, dont l’homme d’affaires Ziad Takieddine, avaient été imposés dans deux contrats par le ministère de la Défense. Il s’agit du contrat Agosta, la vente de sous-marins au Pakistan en 1994 et du contrat Sawari II, la vente de frégates à l’Arabie Saoudite en 1995.
L’audition de M. Donnedieu de Vabres en garde à vue peut durer jusqu’à 48 heures. Entendu comme témoin en novembre 2010 par le juge Renaud Van Ruymbeke, il avait déclaré que le contrat de sous-marins n’avait aucun rapport avec le financement de la campagne de M. Balladur, que soutenait M. Léotard.
Après son élection à la présidence de la République en 1995, Jacques Chirac avait fait cesser le versement des commissions liées à ces contrats en raison de soupçons de rétro-commissions, selon l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin.
La justice considère que l’arrêt de ces commissions pourrait être une cause possible de l’attentat de Karachi, qui a coûté la vie à 15 personnes dont 11 Français travaillant sur la construction de ces sous-marins en mai 2002 dans le cadre du contrat Agosta. Mais aucun élément matériel n’est venu étayer cette thèse.
Deux proches de l’actuel chef de l’Etat ont été mis en examen dans le volet financier de l’affaire Karachi, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert. De 1993 à 1995, Nicolas Sarkozy a été ministre du Budget et porte-parole d’Edouard Balladur pendant sa campagne présidentielle.
Récemment, les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire ont obtenu l’autorisation d’enquêter sur des réseaux proches de Jacques Chirac qui auraient pu bénéficier des commissions après 1995.
M. Donnedieu de Vabres a été condamné en février 2004 à 15.000 euros d’amende pour blanchiment d’argent dans une affaire de financement occulte du Parti républicain. M. Léotard avait écopé de 10 mois avec sursis. Cette procédure a été versée au dossier instruit par les juges Van Ruymbeke et Le Loire.
Ces deux juges "se rapprochent du coeur de la corruption et je ne vois pas comment M. Donnedieu de Vabres pourrait échapper à une mise en examen", a déclaré à l’AP l’avocat des parties civiles de l’attentat de Karachi, Me Olivier Morice.