Dans le principal tribunal d’Alger, des dizaines de personnes ont laissé leur colère éclater après avoir attendu en vain plusieurs heures dans une salle d’audience le verdict du procès de leurs proches, six manifestants ayant brandi un drapeau berbère lors d’une manifestation dans la capitale.
Le Parquet a requis deux ans de prison ferme contre eux, estimant que ces drapeaux portent atteinte à l’intégrité du territoire national.
"Libérez les otages", ont scandé les proches de ces détenus arrêtés en juin.
Pour Me Seddik Mouhous, avocat de la défense, "ceux qui pâtissent le plus de cette grève (des magistrats, ndlr) sont les détenus qui attendent le verdict de leur procès".
Depuis dimanche, les magistrats algériens suivent dans leur quasi totalité un mouvement de grève illimité et inédit, selon le Syndicat national des magistrats (SNM).
Avec cette grève, le SNM entend dénoncer la "mainmise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire", dénonçant la décision prise le 24 octobre de muter à de nouveaux postes près de la moitié des effectifs, soit environ 3.000 magistrats.
Si elle a un impact sur la prolongation de la détention des manifestants arrêtés, cette grève ne s’inscrit pas encore dans le "Hirak", un mouvement de contestation algérien commencé le 22 février et qui a poussé à la démission en avril le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis vingt ans.