"Notre développement économique manque cruellement de stratégie. On ne sait pas ce que nous voulons. Nous voudrions que l’on nous dessine l’Algérie de 2020-2030 qui doit être pensée aujourd’hui. Les autorités doivent faire de la prospective, il y a un ministère pour cela. On devrait connaître la place des secteurs privé et public dans l’économie", a noté M. Hamiani dans un entretien publié mercredi par le journal +Le Soir d’Algérie+.
Le président du FCE a souligné la nécessité d’intégrer les attentes du moment "dans une vision de long terme qui préciserait pour chacun des acteurs économiques son rôle". "On a l’impression qu’on est dans une voiture la nuit et on n’est capable de voir que ce qu’éclairent les phares. Nous avons besoin de nous projeter dans le futur car en plus il y a les prises de risques inhérents aux investissements", estime-t-il. "L’Algérie de 2020 a besoin de définir les secteurs qui recevront les jeunes qui viennent des universités et des centres de formation. Bref, nous pratiquons une politique conjoncturelle au coup par coup", relève l’ancien ministre des PME-PMI.
Evoquant le secteur des hydrocarbures, la principale source de l’économie algérienne, le président du FCE a noté que "le pétrole est décevant pour plusieurs raisons. Il emploie peu de monde et peu de PMI et PME lui sont connectées en tant que sous-traitants". "Nos ressources pétrolières sont consommées dans le soutien des prix, le logement, les autoroutes. Cela n’en fait pas un moteur de croissance. L’aisance financière permet d’acheter la paix sociale. On construit un pays presque à l’envers. Le pétrole est devenu un pansement pour soigner un corps malade. Nous reprochons à nos autorités de penser que l’argent règle tout. C’est une approche complètement déformée", a-t-il souligné.
Revenant sur la présence du secteur privé dans l’économie du pays, M. Hamiani a déploré le manque de banques et de compagnies d’assurances privés dans le pays, notant que l’économie "dans sa partie privée ne fonctionne pas correctement pour produire tous les 5 -10 ans des groupes à dimension internationale". "L’environnement est hostile. On n’a pas de banque privée. Celles qui ont été créées ont été éliminées. Impossible aussi de créer une compagnie d’assurance. Ce que nous voulons, c’est que l’on soit cohérent, qu’on laisse travailler", ajoute-t-il.
Le secteur privé en Algérie opère dans les secteurs du commerce, l’agriculture, l’industrie hors hydrocarbures et les exportations. Il est le premier employeur avec 6,5 millions d’employés sur une population active de 10 millions, selon le président du FCE.