Espagne : des centaines de milliers d' »indignés » réclament des réformes urgentes et appellent à la lutte contre la corruption
Des centaines de milliers de personnes de tous âges et tous horizons ont manifesté dimanche dans presque toutes les grandes villes espagnoles pour protester contre les politiques économiques du gouvernement socialiste et revendiquer des réformes urgentes.
A Madrid, une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes a convergé en six cortèges en provenance de tous les quartiers de la capitale vers la Place de Neptuno, près du Parlement.
Un fort dispositif de sécurité, composé de plus de 1.000 agents de police selon la presse espagnole, a été installé pour surveiller de près le déroulement de cette manifestation, la plus grande du pays.
"Contre le chômage. Organise-toi et lutte. Marchons ensemble contre le chô mage et le capital", proclamait une grande pancarte ouvrant la marche organisée dans la capitale espagnole.
"Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiciens et des banquiers", affirmait une autre banderole écrite en lettres rouges.
Des manifestations semblables ont eu lieu dans une centaine de villes espagnoles, dans les capitales régionales mais également dans de nombreuses petites villes du pays où la vague de protestation sociale s’est propagée depuis cinq semaines.
Les participants à ces manifestations ont scandé des slogans contre le pacte de stabilité de la zone euro et ses impératifs de rigueur budgétaire, les hommes politiques accusés de corruption et de ne pas écouter les citoyens et les mesures d’austérité prises par le gouvernement socialiste.
Les "indignés" ont appelé également à l’instauration d’une "véritable démocratie" en Espagne.
"Les banques et les gouvernements qui ont provoqué cette situation doivent savoir que nous sommes contre les mesures et les coupes budgétaires, que nous avons l’intention de nous faire entendre, et que nous le ferons", souligne le Mouvement 15 Mai des "indignés", créé il y plus d’un mois à Madrid avant de se propager à tout le pays.
Le Mouvement spontané du 15 Mai, ainsi baptisé en référence aux manifestations inédites qui ont eu lieu le 15 mai dernier dans plusieurs villes espagnoles en réponse à un appel lancé dans les réseaux sociaux sur Internet, proteste contre le chô mage, la précarité sociale, la corruption, les hommes politiques accusés de ne pas les représenter, les dérives du capitalisme et le système électoral.
Le système électoral Espagnol est férocement critiqué par le Mouvement du 15 Mai qui estime qu’il consacre et condamne le pays au bipartisme qui a montré ses limites.
Le mouvement des "indignés", qui jouit d’un large soutien populaire, avait démantelé dimanche dernier son campement installé en plein centre de Madrid, à la Place Puerta del Sol, symbole du mouvement de protestation qui veut maintenant consolider via des assemblées de quartier et d’autres manifestations ponctuelles.
Le gouvernement espagnol avait lancé mercredi dernier des avertissements au Mouvement 15 Mai suite au blocage de l’accès du Parlement catalan par des centaines d’"indignés".
"Il existe des lignes rouges à ne pas dépasser comme remettre en question le système ou ses représentants", avait souligné le ministre de la présidence Espagnole, Ramon Jauregui.
L’économie espagnole se voit plongée dans une sombre période de crise exacerbée par plusieurs facteurs concomitants dont un taux de chômage des plus élevés en Europe et une récession qui ne cesse d’empirer.
Après une quinzaine d’années de prospérité marquées par des hausses annuelles du PIB dépassant les 3 %, l’Espagne est entrée en 2008, plus tôt et plus brutalement, dans la crise économique mondiale que la plupart des pays européens.