Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) est interné depuis lundi dans l’immense complexe pénitentiaire de Rikers Island à New York. Il y fait l’objet d’une surveillance de tous les instants, de peur qu’il ne commette un geste désespéré, a-t-on appris de source proche du dossier.
Un jury populaire de New York doit se réunir vendredi pour statuer sur son éventuel renvoi devant un autre jury qui serait cette fois chargé de le juger. Plusieurs mois pourraient cependant s’écouler avant un procès.
Les avocats de Dominique Strauss-Kahn, qui vont formuler séparément une nouvelle demande de remise en liberté sous caution, devront préciser leur position.
On sait jusqu’ici qu’ils plaident non coupable et que leur client conteste les accusations d’agression sexuelle, tentative de viol et séquestration sur une femme de chambre dans la suite d’un luxueux hôtel de New York, samedi dernier.
Mais on ignore pour l’instant si le patron du FMI nie toute relation avec celle qui l’accuse ou s’il parle de relation sexuelle consentie.
Les Français sont 57% à croire que l’affaire résulte d’un complot, selon un sondage CSA pour BFM TV, RMC et 20 Minutes publié mercredi.
Ils sont également nombreux à pointer du doigt les médias en France, coupables selon eux de n’avoir pas dit tout ce qu’ils savaient de la vie privée de l’homme dont le visage dévasté s’étale en première page de tous les journaux de la planète.
PRESSION DU FMI
Si les avocats de Dominique Strauss-Kahn ne parlent pas, celui de la plaignante affirme qu’elle ignorait l’identité de son agresseur présumé.
Agée de 32 ans, l’employée de l’hôtel Sofitel au centre du scandale est veuve et mère d’une fille de 15 ans avec laquelle elle a émigré aux Etats-Unis il y a sept ans en provenance de Guinée.
"Elle n’avait aucune idée de qui il était et elle n’avait jamais eu affaire à lui auparavant", a déclaré son avocat, Jeffrey Shapiro.
Dominique Strauss-Kahn, qui risque 25 ans de prison si la tentative de viol est établie, est soumis à une pression grandissante pour démissionner du FMI, pour lequel l’affaire est source évidente d’embarras.
Deux sources au sein de l’institution financière internationale ont confirmé à Reuters que le conseil d’administration avait tenté de le joindre pour savoir s’il envisageait ou non de se maintenir à son poste.
"Etant donnée la situation, la mise en liberté sous caution ayant été refusée, il devrait (démissionner) pour ne pas pénaliser l’institution", a dit Maria Fekter, ministre autrichienne des Finances.
Si elle n’est pas encore officiellement ouverte, la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI est déjà l’objet de rivalités, notamment entre pays émergents et Union européenne.
LE PS GROGGY
L’émotion reste grande également en France, où les cartes sont rebattues après la mise à l’écart vraisemblable dans la course à l’élection présidentielle de 2012 de celui que les sondages en désignaient comme le favori.
Groggy, le Parti socialiste fait de son mieux pour afficher son unité sous l’impulsion de Martine Aubry, que ses proches pressent désormais de se déclarer pour 2012.
De la dirigeante du PS à François Hollande, nouveau favori des sondages, en passant par Ségolène Royal et Laurent Fabius, tous les ténors du PS étaient présents mardi lors d’une réunion du bureau national. La gravité des mots et des visages était à la mesure du choc provoqué par l’affaire.
La classe politique continue, à de rares exception près, à plaider la retenue et le respect de la présomption d’innocence, même si certains n’hésitent plus à évoquer l’hypothèse de la culpabilité de Dominique Strauss-Kahn.
"Si les faits sont avérés, nous sommes en présence d’un acte très grave qui n’appelle aucune excuse", a ainsi déclaré mardi à l’Assemblée nationale le Premier ministre, François Fillon.