Espagne: une campagne électorale pour les municipales éclipsée par un mouvement de contestation politico-social
La campagne électorale, qui a mis aux prises les deux principales formations politiques du pays à savoir le PSOE (au pouvoir) et le PP (Droite-Opposition), a pris fin vendredi à minuit et les électeurs ont toute la journée de samedi, déclarée "Journée de réflexion", pour réfléchir et penser bien à qui donner leur vote dans un scrutin à valeur test pour les législatives de 2012.
Mais cette campagne plus ou moins "anodine" selon les observateurs a été chamboulée par un mouvement baptisé "Mouvement du 15 mai", initié par des "des jeunes Espagnols indignés" regroupés au sein d’une plate-forme baptisée "Démocratie réelle maintenant".
Le Mouvement, qui en est à sa septième journée, ne cesse de prendre de l’ampleur dans l’ensemble du pays qui vit, depuis dimanche dernier, au rythme de protestation massive avec des dizaines de milliers de manifestants et d’occupation des principales places emblématiques.
Ce nouveau phénomène social a pris de court les observateurs en Espagne ainsi que les hommes politiques de tous bords qui n’arrivent toujours pas à comprendre ce réveil brutal d’une jeunesse considérée jusqu’ici comme apathique, s’intéressant peu à la vie politique et qui est venue s’imposer avec force dans le débat politique du pays qui s’apprête à vivre des élections municipales et régionales.
Les électeurs espagnols se dirigeront, dimanche, aux urnes pour élire leurs représentants dans quelque 8.000 municipalités à travers le territoire dans des élections à valeur test pour les législatives de 2012.
Selon différents sondages, le PP est donné favori et pourrait détrô ner le PSOE dans plusieurs municipalités considérées comme des bastions des Socialistes.
Pour la Droite Espagnole incarnée par le Parti Populaire, principal parti d’Opposition et qui se prépare à célébrer une victoire écrasante sur son rival le PSOE, ce mouvement des jeunes qui réclame des changements politiques et sociaux ainsi que l’instauration d’une véritable démocratie, n’est pas du tout spontané et répondrait à "un complot" concocté par la gauche pour venir en aide aux socialistes en parfaite déroute.
Le PSOE, du chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero, se retrouve quant à lui dans une position inconfortable. D’une part, il affirme comprendre les revendications des jeunes indignés et incertains de leur avenir dans un pays qui affiche un record historique de chô meurs principalement parmi les jeunes, et d’autre part il doit justifier devant son rival, le PP, qui l’attend au détour, pourquoi il refuse d’intervenir pour interdire les concentrations du mouvement à Madrid mais aussi dans les autres villes du pays comme l’a dicté la commission électorale centrale, l’organe supérieur chargé de veiller au bon déroulement des élections.
Mais prendre la décision d’intervenir et de démanteler par la force les campements de protestation notamment celui de Madrid à la célèbre place "Puerta del Sol" devenue l’épicentre de la concentration, n’est pas chose aisée à quelques heures de la tenue des élections municipales.
En effet, n’importe quel parti politique craindrait pour son image surtout que les photos du campement de Madrid ont fait le tour du monde et commence même à faire des émules un peu partout en Europe notamment en France et en Italie.