"Le temps sera insuffisant pour préparer tout ce qui est nécessaire à une élection transparente", a dit le président de la Haute Instance indépendante pour les élections. "Personnellement, je propose la date du 16 octobre." Cette proposition doit être approuvée par le gouvernement d’intérim pour être formellement adoptée.
Le calendrier des élections devant solder la transition amorcée par le renversement en janvier du président Zine ben Ali a fait l’objet de longs débats en Tunisie. Les petits partis, peu connus, plaidaient pour une élection tardive. Mais de grandes manifestations ont eu lieu début mai à Tunis pour réclamer que les élections soient organisées dans les deux mois, au risque d’une instabilité à long terme.
Le président du Parti communiste POCT, s’est dit favorable à la date du 16 octobre. "Depuis le début, nous demandons une élection en octobre. Aujourd’hui, je trouve la proposition du 16 octobre très logique", a dit Hamma Hammami à Reuters. "Cette date donne aux partis politiques l’opportunité de présenter leur programme et au peuple tunisien l’opportunité de mieux connaître les différents partis d’opposition", a-t-il ajouté
Le principal parti d’opposition, Ennhada, s’est dit sceptique quant à ce report probable. "En ce qui me concerne, je ne suis pas convaincu qu’une élection trois mois plus tard que prévu soit dans l’intérêt du pays ou de la stabilité et de la sécurité du pays", a dit le porte-parole du parti islamiste, Ali Larayad. "Je crains que les raisons de cette décision soient politiques, et non liées à l’organisation."
Dans une déclaration à Radio Jeunes, Dr Moncef Marzouki, président du Congrès pour la République (CPR), a pour sa part exprimé son refus de la décision du report des élections de l’assemblée constituante au mois d’octobre prochain, considérant cette décision comme étant "une preuve de l’échec du gouvernement à remplir sa mission principale et à honorer ses engagements envers le peuple tunisien".
Selon le président du CPR, "cet ajournement ne sert pas les intérêts du pays, et est à même de retarder le rétablissement de la légitimité de l’Etat, et le règlement des problèmes réels et urgents que vit la Tunisie".
Dr Marzouki regrette vivement que l’achoppement du processus de transition en Tunisie donne un mauvais signe aux peuples qui placent un grand espoir dans la réussite de l’expérience tunisienne.