Elle aurait saisi un tribunal hors de Paris, et l’intéressé, Dominique Desseigne, confirmerait cette saisine et son objet, mais se refuserait à en dire plus. Et chose étrange, au vu de ces premiers éléments, Rachida Dati, elle, de son côté, démentirait. Allons bon !
Et le lecteur de se poser la question : pourquoi saisir un tribunal, ce qui entraîne nécessairement, tôt ou tard, la révélation à laquelle on assiste, pour la démentir ensuite ? Il y a quelque chose qui cloche dans cette information (suivie d’un démenti).
Prise au piège
Ou bien les journalistes rapportent une information erronée, et on se demande alors pourquoi ils s’amuseraient à faire démentir une information qui n’en serait pas une, ou bien Rachida Dati a vraiment saisi le tribunal dans le but de faire reconnaître la paternité de son enfant, Zohra, par le patron du groupe Barrière, et elle démentirait parce qu’elle ne pensait pas que la révélation puisse être portée à la connaissance du public.
On peut considérer et reconsidérer, à n’en plus finir, les données relatives à cette information (suivie d’un démenti), les termes de l’alternative sont bel et bien ceux-là : ou les journalistes racontent n’importe quoi, ou Rachida Dati dément une réalité. Point.
On entrera pas ici dans ce qui relève de la stricte vie privée des personnes en cause. Cela n’a pas d’intérêt. En revanche, rien n’interdit de s’interroger sur la gestion publique de l’affaire, depuis ses débuts, par Rachida Dati.
Avec ce dernier épisode, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy se retrouve définitivement prise au piège qu’elle s’est elle-même échinée à se dresser depuis plusieurs années. La médiatisation plus que raisonnable de la grossesse mystère, l’accouchement entre deux conseils des ministres, les rumeurs sur le père invisible avec lesquelles elle donne le sentiment d’avoir joué plus qu’à son tour…
Sans toute pourra-t-on concéder, au titre des circonstances atténuantes, que le choix des possibles était réduit. Mais elle aurait sans doute pu s’épargner ce jeu dangereux qui a consisté à entretenir elle-même, plus que la situation ne l’exigeait, toutes les ambiguïtés du monde, car c’est bien ce facteur, à l’exclusion de tout autre, qui mène aujourd’hui à ce que la révélation du nom du père de l’enfant devienne un enjeu du spectacle médiatique.
Un comportement contradictoire et désordonné
Tirons maintenant l’enseignement politique de cette affaire au regard des termes de l’alternative constatée supra.
Si les journalistes du "Point", pour une raison ou pour une autre se trompent, hypothèse proche du zéro existentiel, alors l’affaire en restera là, et il n’y aura guère de conclusions politiques à en tirer.
En revanche, si les informations apportées sont justes, si elles sont confirmées par la personne visée par une éventuelle procédure, et si Rachida Dati dément des faits avérés, dont elle est elle-même la cause et la conséquence, alors, l’affaire risque de prendre une indéniable dimension politique.
Que penser d’une personne qui engage une procédure contre une autre, procédure lourde de conséquences, dans un monde où il est impossible que ce fait ne soit pas rendu public, tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, et qui vient ensuite démentir ce qui serait un fait incontestable et une évidence incontestable ? Que pourrait-on dire ce ce comportement, sachant qu’il s’agit d’une personnalité nationale qui a exercé de hautes fonctions, est élue de la nation et aspire à devenir maire de Paris ?
On le pressent aisément. Ce qui n’est à l’origine qu’une affaire privée, qui devrait demeurer privée, ne peut pas ne pas devenir une affaire politique, surtout compte tenu du passé de cette affaire, des ambiguïtés de Rachida Dati, et des révélations des journalistes du "Point".
Si on en était rendu là, ce comportement, étrange, contradictoire, désordonné serait de nature à laisser les observateurs conclure que Rachida Dati n’affiche pas une maîtrise et une cohérence en rapport avec ses ambitions et ne mesure pas la portée de ses faits et gestes. Ce serait sévère, mais on ne pourrait pas dire que c’est injuste.