Le délirant « effondrement de la France » version Newsweek
L’hebdomadaire américain Newsweek dresse un tableau au vitriol de la France, après deux ans de socialisme
L’article commence d’emblée par une comparaison entre la situation actuelle de la France et celle de 1685, lorsque la révocation de l’édit de Nantes relança la chasse aux protestants. Selon le magazine américain Newsweek, la fuite des huguenots contre la persécution est semblable à celle qui aurait lieu aujourd’hui, en raison notamment du matraquage fiscal de François Hollande, et qui ferait fuir "jeunes diplômés" et autres "innovateurs".
Le ton est donné. Dans cet article daté de vendredi dernier, intitulé "l’effondrement de la France", la journaliste Janine Di Giovanni ne s’embarrasse pas avec les clichés et les raccourcis. Voire carrément les erreurs. Le taux supérieur d’imposition "atteint 75%", écrit le magazine, alors que la taxe promise par François Hollande, censurée une première fois, ne concerne aujourd’hui plus que les entreprises. Le coût de la vie est "astronomique", dit-elle aussi : "Un demi-litre de lait à Paris, par exemple, coûte presque 4 dollars (environ 3 euros)." C’est plus que quatre fois son prix réel… Dans la capitale, "les crèches sont gratuites" de même que les "couches" pour bébés, peut-on encore lire, ce qui là encore est faux.
"Le socialisme en train de tuer la France"
Les interlocuteurs – anonymes – cités dans l’article ne viennent pas contredire le point de vue de l’auteure."Les meilleurs penseurs de la France sont partis. Ce qu’il reste, c’est la médiocrité", y affirme un cadre des Nations unies "aujourd’hui en poste en Afrique". "La France meurt d’une mort lente. Le socialisme est en train de la tuer", abonde un avocat d’une grande entreprise française.Janine Di Giovanni évoque également la situation de plusieurs de ses "amis". Des syndicalistes qui partent en vacances "l’été entier" avec leurs allocations chômage. Un caméraman, qui travaille cinq mois dans l’année et vit les sept autres dans sa confortable maison du sud de la France. Ou encore une banquière, partie faire de la voile trois mois en Guadeloupe durant son congé maternité.
La journaliste rapporte sa propre situation : elle vit depuis 10 ans à Paris dans un appartement avec vue sur le jardin du Luxembourg, dans le très chic 6e arrondissement. L’un de ses enfants est scolarisé à l’Ecole alsacienne – établissement privé ultra sélectif. Selon elle, "les impôts ont commencé à augmenter presque immédiatement" après l’élection de François Hollande – décrit ici comme "rondelet" et "terne" -, qui a succédé au "gaulliste" Nicolas Sarkozy.
"Dans quel monde vit cette dame?"
Le "France bashing" qui imprègne l’article – le plus lu du site ce lundi – n’est pas passé inaperçu. En plus de provoquer rires ou stupeur sur les réseaux sociaux, Anne Sinclair, directrice du Huffington Post français, y a consacré son éditorial lundi. Pour elle, cette journaliste "réputée, paraît-il, pour la qualité de ses reportages de guerre au Proche-Orient (…) a dû confondre Paris et Beyrouth après un réveillon trop imbibé de Dom Pérignon rosé ou de Château Margaux". "Dans quel monde vit cette dame?", s’interroge également l’éditorialiste. "Restons calme", avait pour sa part twitté Marc Simoncini, fondateur du site de rencontre Meetic, qui a tiqué lorsque l’auteure affirmait que "le problème des Français étaient qu’ils n’avaient pas de mot pour ‘entrepreneur’". Directeur de la rédaction des Echos, Nicolas Barré a quant à lui ironisé sur le fait que Newsweek, avec "une erreur par paragraphe", était en course pour "le record du monde du plus mauvais journalisme".
Janine Di Giovanni n’en est pas à son premier fait d’armes sur la France. Dans une tribune publiée par le Guardian britannique en 2009, elle s’intéressait aux Françaises, "qui ne prennent pas de poids quand elles sont enceintes". "Elles tombent enceintes rapidement, encore et encore" car "plus on a d’enfants en France, plus on reçoit de l’argent de l’Etat", écrivait-elle aussi. Il y a un an pour le Daily Beast, elle expliquait comment la France était "devenue si paresseuse", en évoquant notamment les lacunes linguistiques des Français. Quant à Newsweek, en proie à de grandes difficultés économiques, il n’a pas toujours pratiqué le "France bashing". En février dernier, il considérait même "la superpuissance" française comme "leader du monde libre", après l’intervention militaire au Mali. Et François Hollande, lui, pratiquait alors une "politique virile".