Cette rencontre, à laquelle participe une quarantaine de dirigeants, a débuté au moment où la France s’engage militairement en Afrique pour la deuxième fois en moins d’un an, avec l’opération "Sangaris" en Centrafrique.
Drapeaux en berne, photos géantes, rassemblements et avalanche de réactions: la mort du premier président noir d’Afrique du Sud, devenu une icône pour l’humanité, a modifié l’organisation du sommet convoqué de longue date par François Hollande.
"Le monde est en deuil (…). Nelson Mandela a changé bien plus que l’Afrique du Sud, il a accéléré le cours du monde", a lancé le président français à l’ouverture du sommet, dans un hommage appuyé au Sud-Africain, icône de la lutte anti-apartheid.
"Nous devons discuter ensemble pour trouver des solutions africaines aux problèmes africains", a affirmé la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane. "Nous allons travailler avec la communauté internationale, des amis comme la France pour que son rêve devienne une réalité", a-t-elle ajouté aussi à propos de Nelson Mandela.
Les participants ont observé debout une minute de silence en hommage à l’ancien dirigeant sud-africain, dont une photo en pied, le poing levé et le visage souriant, avait été disposée au côté du pupitre du sommet, flanqué des drapeaux des pays représentés.
Le sommet de l’Elysée s’est ouvert quelques heures seulement après le début d’une opération militaire française en Centrafrique, qui mobilisera à terme 1.200 soldats, moins d’un an après l’engagement de plus de 4.000 militaires au Mali en janvier.
Jeudi, des soldats français ont tué à Bangui plusieurs personnes qui avaient ouvert le feu en leur direction et sur des civils, selon l’armée française.
Quelque 92 morts et 155 blessés, par arme blanche ou par balle, ont été enregistrés dans un seul hôpital de Bangui depuis le début d’une vague de tueries jeudi dans la capitale centrafricaine, selon un bilan de Médecins sans frontières (MSF). Des journalistes de l’AFP ont vu près de 80 corps, rassemblés dans une mosquée et jonchant les rues.
La France, "pompier" de l’Afrique
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Plusieurs chefs d’Etat présents à Paris ont salué l’engagement français à Bangui, au premier rang desquels le président malien Ibrahim Boubacar Keïta qui y voit un "devoir historique" de l’ancienne puissance coloniale.
Pour la France, ses interventions au Mali comme en Centrafrique, lourdes financièrement, démontrent la nécessité que les Africains se dotent d’une capacité de défense commune.
Un avis partagé par le président guinéen Alpha Condé, pour qui il n’est "pas normal" que "la France soit obligée d’intervenir en pompier pour nous sauver".
"L’Afrique doit maîtriser pleinement son destin et pour y parvenir assurer pleinement par elle même sa sécurité", a jugé François Hollande dans un discours.
Dans le même temps, la France est disposée à fournir "des cadres militaires" et à participer "à des actions de formation. Elle peut entraîner chaque année 20.000 soldats", a précisé le président français.
Pour le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le sommet de Paris doit permettre de "dire que tous ceux qui profitent des richesses de l’Afrique doivent aussi contribuer à sa sécurité".
Car, souligne-t-il, "quoi qu’on dise de l’influence grandissante de la Chine, des Etats-Unis ou du Brésil, ces pays ne sont pas engagés chez nous sur le front de la défense et de la sécurité. Ils ne prennent pas les mêmes risques que la France".