Nicolas Dupont-Aignan l’a déjà prouvé. En 2007, il avait manqué une soixantaine de signatures au leader de Debout la République pour se présenter. Pour éviter que le scénario ne se reproduise, il a décidé cette fois de s’y prendre plus tôt.
706 maires à visiter
Ainsi, ce sont les militants qui s’activent dans cette chasse aux signatures. A l’instar de Pascal Moriou, qui troque deux fois par semaine son costume d’agent immobilier pour celui de "dénicheur" de signatures. Sur sa feuille de route, 706 maires à visiter.
Pour convaincre les élus des communes de la Côte d’Or, le militant explique que sa démarche est légitime. "Je leur dis qu’aujourd’hui, je ne suis pas en train de leur arracher leur bulletin de vote", estime-t-il.
"Ne pas envoyer n’importe qui"
Au Front national aussi, la chasse aux signatures demande une vraie organisation. Une cellule de six personnes a été formée il y a deux semaines, avec un budget important. A titre de comparaison, en 2007, le budget "parrainages" était de 800.000 euros.
Le chef de cette cellule a commencé par négocier des tarifs avec la poste puisqu’il s’apprête à envoyer une lettre à 40.000 élus. Il s’agit aussi pour lui de séléctionner ceux qui iront sur le terrain convaincre les élus. "On ne peut pas envoyer n’importe qui rencontrer les maires", explique Dominique Martin, qui dirige les opérations au FN.
"ll faudra aussi qu’on prépare un argumentaire, une méthode, et également préparer un contre-argumentaire. Parce qu’il y a des maires qui vont nous dire pourquoi ils ne souhaitent pas parrainer Marine. Ils ont des objections à faire donc il faudra qu’on puisse répondre à ces objections", insiste Dominique Martin.
Un argumentaire bien rôdé. Mais le FN se méfie des promesses, dont le nombre est souvent très supérieur à celui des signatures finalement obtenues. Le parti essuie en effet 50% de pertes, alors que les autres formations connaissent un écart de 30%.
"Ça devient presque du harcèlement"
Les maires ruraux représentent une cible de choix dans cette quête des signatures, puisqu’ils sont souvent sans étiquette politique. C’est le cas de Max Brail, maire de Lastours, dans l’Aude. "Ça devient à la fin presque du harcèlement", tempête-t-il. "C’est allé du simple courrier aux mails envoyés en mairie, au démarchage individuel. On est même venu me démarcher jusque dans ma vigne", raconte cet élu, agacé.
Plus surprenant, certains élus n’hésitent pas à parrainer des candidats qui sont à l’opposé de leur couleur politique dans une optique purement stratégique : signer pour les petits candidats d’extrême gauche constitue pour certains élus de droite la meilleure manière de diviser le camp adverse. Ce qui explique le fait qu’à chaque élection présidentielle, au moins trois ou quatre candidats d’extrême gauche sont dans la course. Et tous ont obtenu leur 500 signatures sans difficulté.