Après Pfizer, AstraZeneca: les retards de livraisons de vaccin anti-Covid inquiètent l’Europe
Après les retards annoncés par Pfizer dans les livraisons de vaccins anti-Covid, l’annonce similaire d’AstraZeneca inquiète l’Europe, où certains pays prévoient même jusqu’à 80% de livraisons en moins que prévu.
Les livraisons du vaccin AstraZeneca/Oxford en Europe -sous réserve de son approbation, prévue le 29 janvier-, seront moins importantes que prévu, en raison d’une « baisse de rendement » sur un site de fabrication, a indiqué vendredi soir le groupe britannique à l’AFP.
La Commission européenne avait initialement réservé jusqu’à 400 millions de doses de ce vaccin.
Cette annonce a immédiatement suscité « le profond mécontentement » de la Commission européenne et des Etats membres, a indiqué sur Twitter la commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides, en insistant sur « un calendrier de livraison précis ».
« Une très très mauvaise nouvelle », a déploré pour sa part le ministre autrichien de la Santé Rudolf Anschober. « Nous ne sommes pas disposés à l’accepter et on se battra » pour que les livraisons soient « rattrapées le plus vite possible », a-t-il dit. Selon lui, l’Autriche ne devrait recevoir en février que « 340.000 doses » du vaccin d’AstraZeneca, contre 650.000 initialement attendues.
La Lituanie a quant à elle chiffré à 80% la réduction des doses de vaccins AstraZeneca qu’elle escomptait pour le premier trimestre.
Rassurer les populations
Moins directs, les responsables français et allemands ont tenté pour leur part de rassurer des populations déjà à cran en raison de la lenteur de la campagne de vaccination.
Le plan de vaccination n’est pas remis en cause par les délais de livraison annoncés, a assuré samedi la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher.
« Nous avons de nouveaux vaccins qui arrivent, nous avons Pfizer qui augmente ses capacités de production », a-t-elle déclaré sur la radio France Inter.
En Allemagne, le ministre de la Santé Jens Spahn s’est aussi voulu rassurant: après l’autorisation du vaccin dans l’UE attendu dans une semaine, « il y aura des livraisons d’AstraZeneca en février », a-t-il dit. « Combien, nous devons encore le clarifier avec AstraZeneca et l’Union européenne dans les prochains jours », a-t-il cependant ajouté.
En Suède, le coordinateur national de la vaccination Richard Bergström a dit s’attendre à ce que son pays reçoive environ 700.000 doses lors du premier mois après l’autorisation du vaccin, contre 1 million de doses espérées.
La Norvège, non membre de l’UE mais qui suit les décisions de l’EMA sur les autorisations, a fait part de sa « déception ». La principale autorité sanitaire du pays, FHI, s’attend désormais à recevoir seulement 200.000 doses du vaccin d’AstraZeneca pour le mois de février, contre 1,12 million de doses initialement attendues.
Courroux des pays européens
Les retards annoncés la semaine dernière dans les livraisons du vaccin Pfizer-BioNtech ont déjà suscité le courroux des pays européens.
« Nous pensons que Pfizer est actuellement en faute », a fustigé dans la Stampa samedi le dirigeant de la cellule de crise italienne pour la pandémie, Domenico Arcuri, confirmant que l’Italie avait l’intention d’attaquer le laboratoire américain en justice.
« La réduction de 20% des fournitures de vaccins Pfizer n’est pas une estimation, mais une triste certitude », a-t-il déclaré, martelant que le droit à la santé des Italiens n’est pas « négociable ».
Vendredi, le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune avait demandé à Pfizer « d’honorer ses engagements » de livraisons.
Le vaccin AstraZeneca/Oxford présente l’avantage d’être moins cher à produire que celui de ses rivaux. Il est également plus facile à stocker et transporter, en particulier que celui de Pfizer/BioNTech qui doit être conservé à de très basses températures (-70°C).
La pandémie a fait plus de 700 000 morts en Europe (une cinquantaine de pays et territoires), où plus de 32 millions de personnes ont été infectées.