Yémen: attentat meurtrier pendant l’investiture du nouveau président

Un attentat à la voiture piégée a fait au moins 25 morts devant une résidence présidentielle du sud du Yémen samedi, quelques heures après la prestation de serment du nouveau chef de l’Etat dans la capitale, Sanaa, selon un responsable local.

Abed Rabo Mansour Hadi a succédé samedi à Ali Abdallah Saleh, président du Yémen pendant 33 ans, dans le cadre d’un accord de transfert du pouvoir conclu après plus d’un an de contestation du régime. Saleh est le quatrième dirigeant autoritaire victime du mouvement du Printemps arabe depuis le début 2011.

M. Hadi, jusque-là vice-président, a remporté l’élection de mardi à laquelle il était le seul candidat. Il s’est engagé dans un discours télévisé à poursuivre la lutte contre Al-Qaïda au Yémen, où les islamistes armés ont profité de la crise pour prendre le contrô le de plusieurs zones.

Il a aussi promis d’oeuvrer au retour des milliers de Yéménites chassés de chez eux par les combats entre les troupes gouvernementales, les séparatistes du Sud, les mutins, les mouvements tribaux et de nombreuses autres factions armées. C’est "un devoir religieux et national", a-t-il dit. Il a appelé tous les partis politiques à respecter la démocratie pour sortir le Yémen, le plus pauvre des pays arabes, de la crise politique et économique. Des ambassadeurs américain et européens ainsi que des représentants arabes assistaient à la cérémonie.

A peine quelques heures plus tard, une voiture piégée explosait devant une résidence présidentielle dans la ville d’Al-Makullah, dans le sud du pays, tuant au moins 25 gardes, selon un responsable de la santé. Il pourrait s’agir d’un attentat-suicide, d’après un responsable de la sécurité. Tous deux ont requis l’anonymat. Des séparatistes et des islamistes armés opèrent dans cette région.

Le dialogue avec les séparatistes du Sud ainsi que d’autres mouvements du pays fait partie des tâches ardues qui attendent le nouveau président. Il doit aussi restructurer les puissantes forces de sécurité pour réduire l’influence des fidèles de Saleh qui y occupent de nombreux postes. Il peut se prévaloir d’un mandat clair de la population, qui a participé massivement au scrutin de mardi.

Pendant qu’Abed Rabo Mansour Hadi prêtait serment, Ali Abdallah Saleh revenait d’un séjour médical d’environ trois semaines aux Etats-Unis, où il a été soigné des séquelles des blessures reçues en juin 2011 lors d’une attaque à la roquette contre son palais, circonstances qui ont accéléré son départ.

Saleh avait annoncé qu’il reviendrait au Yémen pour l’investiture de son successeur. Selon le site Web de son parti, il devait se rendre à Sanaa. Beaucoup craignent qu’il n’use de son vaste réseau de relations tribales et familiales ainsi que de ceux qu’il a placés dans l’appareil d’Etat pour tenter de continuer à tirer les ficelles pendant la transition, qui doit déboucher sur la rédaction d’une nouvelle Constitution.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite