Xavier Dupont de Ligonnès, l’auteur présumé de la tuerie de Nantes donne sa version de la disparition de sa famille.
Surtout, se dessine à travers le texte de cinq pages, rédigé d’un ton léger sur ordinateur, une personnalité glaçante, gagnée par la mythomanie. Le document doit encore être authentifié, car il est dénué de signature et dépourvu des fautes d’orthographe dont Xavier Dupont de Ligonnès aurait été coutumier dans ses échanges par mails.
"Coucou tout le monde ! Méga-surprise : nous sommes partis en urgence aux USA, dans des conditions très particulières que nous vous expliquons ci-dessous". Ainsi commence cette lettre, datée du 8 avril, soit quelques jours après les meurtres. Selon les datations de la police scientifique, Agnès, la mère, et trois de ses enfants, Arthur, Anne et Benoît, ont été tués dans la nuit du 3 au 4 avril, alors que Thomas a été abattu le lendemain.
Programme fédéral de protection des témoins
Xavier Dupont de Ligonnès raconte de manière détaillée comment, sept ans, plus tôt, il a été amené par ses activités professionnelles à collaborer avec la DEA (Drug enforcement administration) sur le trafic de drogue dans les discothèques françaises, et comment il est devenu un "témoin essentiel" dans un futur procès à venir aux Etats-Unis. "Là où ça se complique, c’est que, depuis quelques temps, certains indices faisaient penser que j’avais été repéré. La situation est donc devenue potentiellement dangereuse pour nous ici et a nécessité de prendre des mesures d’urgence", affirme-t-il.
D’où, selon l’homme actuellement sous le coup d’un mandat de recherche internationale, l’inscription dans le programme fédéral de protection des témoins. "Quand vous lirez ce courrier, nous n’existerons plus officiellement, en tant que Français", écrit-il. "Nous serons des citoyens américains lambda, vivant comme tous les Américains aux USA… sauf que nous n’aurons plus le droit de communiquer avec notre famille et nos amis, pendant un temps indéterminé, au moins jusqu’à la fin du procès."
"Ne pas s’occuper des gravats entassés sous la terrasse"
Xavier Dupont de Ligonnès liste ensuite les avantages et les inconvénients de cette nouvelle situation. Dans la colonne négative, il écrit : "obligation de donner les chiens : heureusement, une personne a pris les deux (ils ne seront donc pas séparés)." Or, les chiens en question sont au moment de la rédaction du courrier déjà morts, abattus comme le reste de la famille.
Un passage est encore plus glaçant. Dans les consignes qu’il donne à certains destinataires de la lettre, Xavier Dupont de Ligonnès demande à un certain Cédric de ne pas s’occuper "des gravats et autres bazars entassés sous la terrasse : c’était déjà là quand nous sommes arrivés ici." C’est précisément dans ces gravats que le corps des cinq victimes ont été découverts.
"La version officielle est que nous avons été mutés en Australie"
Enfin, Xavier de Ligonnès évoque les autres courriers qu’il a (vraiment) envoyés à d’autres destinataires. "Les écoles des enfants sont prévenues, les propriétaires des logements d’Arthur et Thomas aussi, ainsi que les employeurs d’Agnès et d’Arthur", explique-t-il. "La version officielle est que nous avons été mutés en Australie pour des raisons professionnelles, sans plus de précisions. Ce serait bien de faire circuler cette fausse info sur les réseaux Facebook et autres…"
Vient ensuite le temps des adieux. "Evidemment, nous vous embrassons très fort et nous penserons bien à vous pendant cette séparation forcée, en espérant quelle ne s’éternise pas pendant trop d’années. (…) Prenez bien soin de vous. Nous aurons tellement de choses à nous raconter plus tard !", écrit-il avec enthousiasme, avant de signer : "Xavier, Agnès, Arthur, Thomas Anne et Benoît (le plus dur va être de nous habituer à nos nouveaux noms)."
Une lettre écrite par Xavier de Ligonnès ?
Reste qu’il y aurait des doutes sur le fait que le père de famille soit bien l’auteur de cette lettre et des similaires envoyées aux proches de la famille, indique 20minutes.fr. Le site signale que "ces dernières ont toutes été écrites ‘à la machine’, indique l’avocat de la soeur de Xavier de Ligonnès, et ne comportaient aucune faute d’orthographe alors que le fugitif en laissait de nombreuses dans ses mails".