"Volkswagen a connaissance d’une enquête des autorités algériennes pour corruption contre Mourad Oulmi, directeur de Sovac, et d’autres", a indiqué lundi un porte-parole à l’AFP. "La production dans l’usine, opérée par une coentreprise avec Sovac, est suspendue, de même que les livraisons de Volkswagen à l’entreprise Sovac", a-t-il précisé.
Interrogée lundi par l’AFP à Alger, une porte-parole de Sovac s’est refusée à tout commentaire, promettant un communiqué dans la journée.
Selon plusieurs sites algériens d’information, Sovac a confirmé dimanche dans un communiqué — que l’AFP n’a pas reçu — que son usine est à l’arrêt depuis septembre et 700 des salariés au chômage technique, faute de pièces. Mais le groupe assure que Volkswagen a suspendu l’envoi de nouveaux kits vers l’Algérie en raison du blocage de près de 4.000 kits dans divers ports algérien et européens.
Sovac est le concessionnaire exclusif des marques du groupe allemand (Volkswagen, Audi, Seat, Skoda et Porsche) depuis 2003.
A l’instar d’une quinzaine de hauts dirigeants politiques et une dizaine de grands patrons, M. Oulmi est en détention préventive depuis juin, dans le cadre de vastes enquêtes anticorruption lancées après la démission en avril d’Abdelaziz Bouteflika, chef de l’Etat algérien depuis 20 ans, face à un mouvement populaire inédit de contestation.
Lors du premier grand procès lié à ces enquêtes — dans lequel M. Oulmi n’était pas accusé — quatre patrons de grands groupes, partenaires d’Iveco, Astra (filiale poids-lourds d’Iveco), Kia ou de marques chinoises, ont été condamnés le 10 décembre à des peines de trois à sept ans de prison.
"Nous n’avons pas connaissance d’enquêtes dans lesquelles apparaissent des employés de Volkswagen", assure le groupe allemand.
La justice algérienne a depuis nommé des administrateurs chargés de gérer divers groupes, y compris Sovac, dont les patrons sont incarcérés.
Pour réduire la factures des importations et le prix des véhicules sur le marché local, les autorités algériennes ont contraint depuis 2014 les concessionnaires à produire localement via des partenariats avec des marques étrangères.
Le procès a montré que de grands groupes algériens, souvent propriétés d’hommes d’affaires liés à l’entourage de M. Bouteflika, ont été favorisés, malgré un cahier des charges rarement respecté, et ont bénéficié d’importantes aides publiques et de nombreux avantages fiscaux.