Virus : Madrid en pleine confusion après le rejet du bouclage partiel par la justice
La justice a rejeté jeudi le bouclage partiel de Madrid, un revers pour le gouvernement espagnol en pleine bataille contre la deuxième vague de Covid-19 qui pourrait amener l’exécutif à décréter l’état d’urgence dans capitale.
La justice a rejeté jeudi le bouclage partiel de Madrid, un revers pour le gouvernement espagnol en pleine bataille contre la deuxième vague de Covid-19 qui pourrait amener l’exécutif à décréter l’état d’urgence dans capitale.
La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre jeudi: le Tribunal supérieur de justice de Madrid a invalidé les mesures de confinement partiel en place depuis vendredi soir, jugeant qu’elles ne respectaient pas les « droits » et les « libertés fondamentales » des 4,5 millions de personnes concernées.
Depuis leur entrée en vigueur pour une durée de deux semaines, les habitants de la capitale et de neuf autres communes proches ne peuvent pas quitter la municipalité où ils résident, sauf dans quelques cas bien précis, principalement pour se rendre à leur travail, chez le médecin ou à l’école.
Ils ne sont donc pas confinés chez eux, comme cela avait été le cas au printemps au moment de la première vague de la pandémie, mais leur liberté de circulation est fortement restreinte.
L’objectif est de briser la chaîne de contamination, afin de freiner la hausse vertigineuse du nombre des cas de Covid-19 dans la région de Madrid, l’une des capitales européennes les plus touchées par cette maladie avec près de 600 cas pour 100.000 habitants sur 14 jours, contre 257 dans le reste de l’Espagne, un taux déjà bien supérieur à la moyenne européenne.
Sans le feu vert de la justice, la police ne pouvait pas infliger d’amendes aux récalcitrants.
Ces dernières semaines, le même tribunal madrilène avait déjà validé d’autres mesures restrictives prises par les autorités régionales, par exemple l’interdiction des réunions de plus de six personnes.
Mais cette fois-ci, il a estimé que les mesures de bouclage partiel n’avaient pas de « fondement légal » car elles ont été imposées par le gouvernement central, alors que la santé publique est du ressort des régions en Espagne.
« Il ne suffit pas que les mesures soient proportionnées ou adéquates. Il faut qu’elles aient (…) une base légale », a expliqué le spécialiste en droit Federico de Montalvo à la télévision publique.
Chaos politique
Cette décision vient encore aggraver le chaos politique dans lequel est plongée depuis plusieurs semaines la lutte contre la pandémie à Madrid, où le gouvernement central de gauche de Pedro Sanchez et le gouvernement régional de droite défendent des politiques différentes pour stopper le coronavirus.
Le premier avait fini par imposer le bouclage partiel de la capitale et de neuf villes voisines au terme de tractations acharnées avec l’exécutif madrilène, qui s’y opposait, notamment par crainte de son impact économique.
Le gouvernement régional, dirigé par le Parti populaire (PP, opposition de droite), a une préférence pour les dispositifs limités visant les quartiers les plus touchés par le virus.
Dans un communiqué, le gouvernement central a indiqué que la région de Madrid avait désormais le choix entre adopter une loi régionale rétablissant les mesures annulées par la justice, ou se voir imposer l’état d’urgence. Un conseil des ministres extraordinaire aura lieu vendredi, ainsi qu’une réunion entre le gouvernement central et celui de Madrid.
Après quelques heures de flottement, la présidente de la région de Madrid a demandé à la population de ne pas sortir de la ville malgré la décision de justice, afin de ne pas compromettre la lutte contre la pandémie.
Isabel Diaz Ayuso l’a incitée à « suivre toutes les recommandations sanitaires, en particulier dans les prochains jours avec le week-end prolongé » en raison de la fête nationale lundi.
La dirigeante du PP a aussi annoncé qu’elle renonçait à un recours déposé par la région devant un autre tribunal, l’Audience nationale, « afin d’éviter une confusion encore plus grande ».
Le nombre des cas connus de Covid-19 a dépassé cette semaine les 800.000 en Espagne, qui compte plus de 32.000 morts et est l’un des pays de l’UE ayant le plus grand nombre de cas par rapport à sa population.