Union européenne : l’aide aux réfugiés sahraouis de Tindouf est détournée

L’Office anti-fraude (OLAF), qui enquête sur les fraudes au détriment du budget de l’Union européenne (UE), a révélé qu’une partie importante de l’aide humanitaire accordée par l’UE aux réfugiés sahraouis des camps de Tindouf, en Algérie, est détournée de façon organisée depuis des années. Selon le document, ces détournements massifs et systématiques de l’aide humanitaire internationale destinée aux camps de Tindouf commencent dans le port algérien d’Oran par lequel transite l’aide humanitaire particulièrement alimentaire accordée par la Commission européenne via la Direction générale de l’aide humanitaire (ECHO).
Le port d’Oran est stratégique pour les organisateurs de ces détournements, souligne le rapport qui note que c’est au sein de cette structure portuaire algérienne que s’opère le tri entre « ce qui doit arriver et ce qui peut être détourné ».

Interrogée jeudi au Parlement européen sur ce rapport rédigé en 2007, la commissaire européenne au Budget, Kristalina Georgieva, a reconnu que l’exécutif bruxellois n’avait pas jugé nécessaire de suspendre son aide et avait continué à allouer annuellement 10 millions d’euros pour les réfugiés des camps de Tindouf, administrés par le Front Polisario.

Le rapport de l’OLAF se fonde sur les résultats d’une enquête menée depuis 2003. Il porte de lourdes accusations et cite les noms des personnes soupçonnées d’être les organisateurs de ces détournements, qui commencent dans le port algérien d’Oran où est opéré le tri entre "ce qui doit arriver et ce qui peut être détourné".

"Une des raisons qui ont rendu ces détournements possibles est la surestimation du nombre des réfugiés et donc des aides fournies", explique l’OLAF. L’instance européenne reconnaît toutefois ne pas être en mesure de chiffrer le montant "trop payé" par la Commission et par ECHO, le service européen pour l’aide humanitaire.

L’UE soutient financièrement les camps de Tindouf depuis 1975, sur la base d’une population évaluée par les autorités algériennes à 155.000 personnes. "Ni l’Algérie ni le Front Polisario n’ont accepté qu’un recensement des populations des camps soit organisé", souligne l’OLAF. L’intervention de l’Office anti-fraude a ramené en 2005 le nombre des réfugiés à 90.000.

L’enquête menée par l’OLAF a en outre permis de détecter que "ce sont des prisonniers, de guerre ou civils, qui sont utilisés pour la manutention de l’aide et la construction de bâtiments financés par l’aide internationale".

Elle a également révélé que des aliments de bonne qualité destinés aux réfugiés, comme du blé canadien, "sont remplacés par leur équivalent de qualité moindre pour être revendus", et que "les produits d’un élevage de volailles financé par l’aide internationale sont vendus et non donnés aux réfugiés".

Le rapport a été "oublié" pendant sept ans. Mme Georgieva a expliqué qu’une demande de consultation avait été refusée en 2010, et que seule l’intervention du médiateur européen en 2014 a permis de l’obtenir.

La Commission européenne a pris des mesures pour prévenir les pratiques frauduleuses, mais n’a pas suspendu les financements, a précisé la commissaire. "Dix millions d’euros ont été alloués en 2013 pour les camps de Tindouf, ce qui correspond aux montants accordés les années précédentes", a-t-elle indiqué.

La Commission européenne a alloué 546 millions d’euros pour l’aide aux réfugiés et aux personnes déplacées en 2013.

L’OLAF enquête sur les fraudes au détriment du budget de l’UE, sur les affaires de corruption et les fautes graves commises au sein des institutions européennes. Il élabore également une politique antifraude pour la Commission européenne.

L’Office aide les autorités responsables de la gestion des fonds de l’UE — dans et hors de l’Union — à comprendre les différents types de fraudes, les tendances, les menaces et les risques, ainsi qu’à protéger les intérêts financiers de l’UE en prévenant tout type de fraude.

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