Un an avec sursis pour Karim Tabbou, figure de la contestation en Algérie

L’opposant Karim Tabbou, figure centrale du mouvement de protestation populaire en Algérie, a été condamné lundi à un an de prison avec sursis pour « atteinte à la sûreté nationale », une peine relativement clémente qui lui permet de ne pas retourner en prison.  

L’opposant Karim Tabbou, figure centrale du mouvement de protestation populaire en Algérie, a été condamné lundi à un an de prison avec sursis pour « atteinte à la sûreté nationale », une peine relativement clémente qui lui permet de ne pas retourner en prison.  En revanche, il a été relaxé du chef d' »atteinte au moral de l’armée », à la suite de déclarations critiquant le régime et l’armée en mai 2019 au cours d’un rassemblement à Kherrata (nord-est), un fief de la contestation antirégime.

« Karim Tabbou a été condamné à un an de prison avec sursis et une amende de 100.000 dinars (environ 640 euros) par le tribunal de Koléa, près d’Alger, a déclaré à l’AFP Me Nassima Rezazgui, l’un de ses avocats.

« Je suis blessé d’entendre ces accusations: atteinte au moral des troupes et atteinte à l’unité nationale, moi qui ai appris la politique auprès d’hommes comme Hocine Aït Ahmed », l’un des dirigeants historiques de l’indépendance puis opposant socialiste au régime, s’était défendu M. Tabbou à son procès, selon des médias algériens.

Le procureur avait réclamé trois ans de prison ferme et une amende de 100.000 dinars à l’encontre de l’opposant.

Arrêté le 26 septembre 2019 dans le cadre de cette affaire, il avait été emprisonné pendant neuf mois avant de bénéficier d’une libération conditionnelle le 2 juillet dernier.

 

 Le « combat continue »

 

Dans une autre affaire, Karim Tabbou avait été condamné en appel le 24 mars à un an de prison ferme pour le même chef d' »atteinte à la sûreté nationale », en raison d’une vidéo parue sur la page Facebook de son parti dans laquelle il critiquait l’ingérence de l’armée dans les affaires politiques, peine qu’il a déjà purgée. Il reste donc en liberté.

« Il est vraiment malheureux de condamner une personne à deux reprises sous le même chef d’accusation. C’est une violation de la loi. Notre combat continue pour un Etat de droit », a commenté son avocate.

Chef d’un petit parti d’opposition non agréé par les autorités, l’Union démocratique et sociale (UDS), Karim Tabbou est l’un des visages les plus connus du « Hirak », le mouvement de contestation, sinon le plus populaire.

Son portrait était régulièrement brandi pendant les manifestations hebdomadaires contre le pouvoir en Algérie jusqu’à leur suspension en mars dernier en liaison avec la crise sanitaire.

 

Attaque contre Macron

 

M. Tabbou est récemment revenu sur le devant de la scène politique en reprochant avec virulence au président français Emmanuel Macron son soutien à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, exprimé dans un entretien avec l’hebdomadaire Jeune Afrique qui a soulevé un tollé dans les rangs de l’opposition algérienne.

Dans une lettre publiée sur sa page Facebook, M. Tabbou a fustigé « la mauvaise foi » et « l’hypocrisie politique » de M. Macron, accusé de cautionner « un pouvoir arrogant qui emprisonne des journalistes, bafoue les libertés publiques et soumet la justice à son diktat ».

M. Tebboune, 75 ans, est absent du pays depuis bientôt six semaines à la suite d’une hospitalisation en Allemagne après avoir contracté le coronavirus.

En pleine crise sanitaire, les autorités continuent à réprimer militants, journalistes et blogueurs afin, selon les opposants, d’empêcher une reprise du mouvement de contestation.

Quelque 90 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec la contestation et/ou les libertés individuelles. Des poursuites fondées, pour beaucoup, sur des publications sur Facebook critiquant les autorités, d’après le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de solidarité avec les prisonniers d’opinion.

Né en février 2019 d’un immense ras-le-bol des Algériens, le « Hirak » réclame un profond changement du « système » en place depuis l’indépendance en 1962. Il a provoqué le départ du président Abdelaziz Bouteflika après 20 ans au pouvoir.

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