Les autorités turques ont arrêté vendredi plusieurs dizaines de militants dela cause kurde, dont des avocats, médecins et écrivains, soupçonnés d’être membres d’une organisation qu’Ankara accuse de liens avec le « terrorisme ».
La police turque a interpellé 72 personnes à Diyarbakir et Adiyaman, dans le sud-est majoritairement kurde de la Turquie, ainsi qu’à Istanbul et Izmir (ouest), a indiqué à l’AFP une source judiciaire ayant requis l’anonymat.
La police était à la recherche d’une trentaine de personnes supplémentaires sous le coup d’un mandat d’arrêt.
Ces arrestations s’inscrivent dans le cadre d’une enquête pilotée par le parquet de Diyarbakir sur le « Congrès de la société démocratique » (DTK), une organisation que les autorités turques accusent d’être liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié de « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux.
Parmi les personnes arrêtées figurent notamment 24 avocats, dont 17 sont membres du barreau de Diyarbakir régulièrement inquiété par les autorités.
« Ces opérations reflètent une volonté d’étouffer la voix du barreau de Diyarbakir et sont une intervention directe dans les activités de la société civile », a dénoncé le barreau dans un communiqué.
Une autre procédure judiciaire visant les anciens dirigeants du barreau de Diyarbakir pour avoir commémoré le génocide arménien et utilisé le mot « Kurdistan » dans leurs déclarations est aussi en cours.
Les milieux prokurdes, en particulier le Parti démocratique des peuples (HDP), font l’objet d’une répression implacable depuis plusieurs années en Turquie.
Selahattin Demirtas, la figure de proue du HDP et un ancien rival du président turc Recep Tayyip Erdogan à l’élection présidentielle, est en prison depuis 2016.
Après des élections municipales en 2019, les autorités turques ont arrêté ou évincé plusieurs dizaines de maires élus sous les couleurs du HDP dans le sud-est de la Turquie.