"Il y a un risque de manipulation des résultats des élections. Les surprises sont toujours possibles. S’il y a une manipulation, nous rejoindrons les forces et les gardiens de la révolution qui ont fait tomber Ben Ali et les premiers gouvernements (intérimaires). Nous sommes prêts à faire tomber jusqu’à dix gouvernements s’il le faut", a déclaré Rached Ghannouchi.
Le fondateur du mouvement islamiste, durement réprimé sous le régime de Ben Ali, a rappelé que son parti était "en tête" de tous les sondages sur les intentions de vote. "Notre parti possède la majorité des voix", a-t-il assuré.
Evoquant une éventuelle coalition de formations de gauche et de démocrates modernistes pour faire barrage à Ennahda au sein de la future assemblée constituante, il a dénoncé une volonté de "détruire" son mouvement.
"Si de petites formations se coalisent contre Ennahda, au cas où il remporterait les élections, je peux dire, dans ce cas là, qu’il s’agira d’un coup de force contre la démocratie", a-t-il affirmé.
"Nous sommes prêts à diriger un gouvernement d’union nationale si le peuple tunisien nous accorde sa confiance", a-t-il répété.
"Notre souci, c’est l’entente pour la formation d’un gouvernement intérimaire qui réunira tous les partis avec la participation de toutes les compétences administratives tunisiennes", a-t-il ajouté.
Interrogé sur les alliances que cherche à nouer Ennahda avec d’autres formations, il a refusé d’entrer dans les détails ou de citer les noms de partis politiques. "Nous sommes en contact avec plusieurs partis pour un gouvernement d’union nationale", s’est-il borné à dire.
Plusieurs formations, dont le Parti démocrate progressiste (PDP, centre-gauche) de Ahmed Néjib Chebbi et le Pô le des démocrates modernistes (une coalition de gauche qui veut faire barrage aux islamistes), ont affiché leur refus catégorique de participer à un gouvernement d’union avec Ennahda.
"Chebbi est libre de participer ou de refuser d’entrer dans un gouvernement qu’il ne cautionne pas. Nous sommes disposés à négocier avec tout autre parti", a déclaré Rached Ghannouchi.
En dépit des convergences de leurs programmes politiques (au plan économique, sur la défense des libertés, le statut de la femme etc.), les grandes formations progressistes n’ont encore formalisé aucun accord.
Le parti de gauche Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar, qui a récemment démenti toute alliance avec Ennahda, s’est jusqu’à présent dit ouvert à des discussions sur un gouvernement de coalition après les élections.