Taxe carbone : Hulot claque la porte et revient par la fenêtre

La Fondation Nicolas Hulot avait annoncé lundi son retrait des groupes de travail dans le cadre des Grenelle de l’environnement. Ce matin, sur RTL, son Président éponyme, s’est fait moins virulent, préfigurant le retour de sa fondation à la table de négociation. Il en a profité pour régler ses comptes avec Claude Allègre…

Taxe carbone : Hulot claque la porte et revient par la fenêtre
Pas content de l’abandon de la taxe carbone, Nicolas Hulot s’explique dans Le Parisien de ce matin : « Nous estimons qu’une mise au point s’imposait vis-à-vis de la classe politique et de la société. (…) Il ne s’agit pas seulement de l’abandon de la taxe carbone. Les écolo-climato-sceptiques ont un succès médiatique grandissant et l’écologie est devenue un simple ingrédient de la tambouille électorale. » Voilà qui méritait donc de claquer la porte des négociation sur le Grenelle II, comme l’ont fait lundi les représentant de l’animateur, auto déclaré meilleur ami de la planète.
Il a ce matin sur RTL remis un peu de sirop vert dans son vin. Se sent-il trahit par l’abandon de la promesse présidentielle, comme le lui demande Jean-Michel Apathie ? « Non, on est un peu déçu… » Ouf, on a eu peur que sous le coup de la colère, il retire aux vendeurs de savonnettes les droits d’exploitations de sa marque Ushuaia ! Pour l‘animateur, la taxe carbone a été l’objet d’un « Travail de sape des uns et des autres sur cette mesure complexe, délicate qui demande énormément de pédagogie. Qui devait précéder toute une réforme de la fiscalité. » Et Nicolas Hulot de ressortir son bâton de pélerin : « Il paraitrait logique qu’on bascule l’ensemble de notre fiscalité qui porte sur le travail pour libérer le travail et la basculer sur les prélèvements énergétiques et les impacts environnementaux. »

En attendant, telle qu’elle apparaît dans sa version censurée par le Conseil Constitutionnel, la neutralité fiscale ne coulait pas de source. Pour les ménages, son instauration conduisait à une hausse des prélèvements obligatoires proche de 2 milliards d’euros.
A-t-il accusé le Président de la République d’avoir trahi sa promesse, lui qui avait signé le pacte et promis l’instauration de la taxe carbone, véritable « marqueur », du basculement fiscal, selon l’animateur ? Réponse: « Je n’en ai pas parlé avec le Président de la République. Mais j’ai eu une longue et franche discussion avec Jean Louis Borloo. » « Mais la confiance n’est plus là ? », s’inquiète Jean-Michel Apathie. Réponse alambiquée : « Oui. Heu, non. Vaut mieux bien s’engueuler, bien purger, et puis que chacun essaie de comprendre (…) Jean-Louis peut comprendre que quand on entend le président de la république dire au salon de l’agriculture « L’environnement ca suffit » (…) » ca dérange un peu à la Fondation Nicolas Hulot. Mais lui sait que son message, s’il a du mal a convaincre les ménages qui en perçoivent très naturellement le coût pour leur pouvoir d’achat, est en revanche très bien compris des politiques : « En tête à tête avec beaucoup de leaders politiques, tout le monde était pour la taxe carbone » laquelle ne doit pas être une nouvelle taxe, mais se substituer à d’autres prélèvements. Lesquels, comment, quand, pas de réponse de l’animateur.

Mais Nicolas Hulot était surtout là pour dire que la rupture des négociations n’avait rien de définitif : « Des clarifications à quelques semaines du Grenelle II (..) on va faire une réunion prolongée avec l’ensemble des acteurs du comité de veille écologique pour que chacun confronte son point de vue et en fonction de ca on décidera de notre attitude », autrement dit, on retournera à la « discutaillerie » verdâtre…

Allègre, une sale gueule de climato-scéptique?

L’animateur en a profité pour taper sur son désormais meilleur ennemi. « Pendant des mois je me suis pris sur les plateaux de télé tous les anathèmes de Claude Allègre. » Visiblement, Nicolas Hulot digère mal le succès de librairie du géologue qui répond au sien d’il y a 3 ans. Dans son livre, le professeur, patron de l’institut de géophysique du Globe à Jussieu, remet en causes les thèses cataclysmiques développées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

Mais qui ne convainc pas du tout le Hulot : « on ne peut pas subir tous les mensonges. » Et de sortir l’argument censément massue : « Je ne suis pas un scientifique, je suis un citoyen inquiet (..) globalement tout le monde est d’accord sur le diagnostic. » A l’appui de sa thèse Nicolas Hulot aurait pu sortir la une du Monde daté de jour, vendredi 2 avril : « Réchauffement climatique : 400 chercheurs contre Allègre ». Étonnant débat scientifique qui est tranché par un vote majoritaire !!! Et puis d’ailleurs avec son presque quintal et sa quasi sale gueule, comment faire confiance à Claude Allègre, alors que le bon Jean Jouzelle, qui est vice-Président du Giec, possède lui les traits fins de la vérité ? Ce qui donne dans la bouche de l’animateur, il est vrai traité de « crétin » par l’ancien ministre de l’éducation : « (entre Jean Jouzelle ) au visage, cette générosité, cette humanisme et la morgue, la suffisance et la grossièreté de Claude Allègre. Pardon de le dire, j’ai fait mon choix.»
C’est sur ce terrain glissant de l’invective que le brave Hulot a achevé son interview. L’homme au sourire marbré sait aussi montrer les crocs. Contre Allègre pas contre Sarkozy.

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