“Une nouvelle époque, une nouvelle ère s’ouvre pour la Grèce”, explique son Premier ministre Georges Papandreou.
Le plus difficile, cette nuit, a manifestement été de convaincre les banques de gommer une partie de la dette grecque – 100 milliards d’euros, qui correspondent à 50% des créances grecques. L’accord va finalement au-delà de celui du 21 juillet, qui ne prévoyait à l’époque qu’une décote de 21% des créances.
Cela devrait permettre de ramener la dette grecque à 120% de son PIB à l’horizon 2020, contre 165% aujourd’hui. Eviter le défaut de paiement. Et, au passage, débloquer, dès la semaine prochaine, la prochaine tranche de prêt, côté FMI.
Le bras de fer a duré une bonne partie de la nuit. Sarkozy, Merkel, mais aussi Christine Lagarde pour le FMI et Jean-Claude Juncker, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, ont mouillé la chemise. L’Allemagne a notamment fait pression, exigeant un effort le plus important possible, supérieur à 50% ; faite de quoi la manière forte serait employée, pour imposer la restructuration de la dette.
Bref. En échange de cet effort conséquent demandé aux banques, un accord a été trouvé pour recapitaliser les établissements qui en auraient besoin. Des besoins à 106 milliards d’euros par l’Autorité bancaire européenne (EBA) ; mais les marchés estiment que les besoins sont nettement supérieurs. Le FMI a lui-même parlé de 200 milliards d’euros.
Les Européens se sont également entendus sur une démultiplication des capacités du Fonds européen de stabilité financière (FESF) jusqu’à un volume de 1.000 milliards d’euros, susceptible de rassurer les marchés sur sa capacité à voler le cas échéant au secours de pays comme l’Italie ou l’Espagne.
Ce Fonds disposait à sa création de 440 milliards d’euros mais après avoir été mis à contribution pour aider le Portugal et l’Irlande, et en raison d’un complexe montage financier pour lui octroyer une note AAA, il ne dispose plus aujourd’hui que d’une capacité effective estimée à 250 milliards d’euros.
L’effet de levier sera obtenu via un double mécanisme. Il s’agira d’une part d’assurer partiellement les dettes souveraines émises par des pays en difficulté et, d’autre part, de créer un nouveau "véhicule spécial" adossé au FESF et au Fonds monétaire international (FMI) et auquel participeront des investisseurs internationaux, comme la Chine ou d’autres grands pays émergents.
Pour éviter la contagion, l’Italie sera surveillée de près. Les engagements présentés hier ont été jugés peu satisfaisants par ses partenaires de la zone euro.
Les dirigeants européens, emmenés par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, avaient demandé dimanche au président du Conseil italien de présenter lors du Conseil européen de mercredi un plan solide permettant de redresser la croissance et de réduire la dette de l’Italie, qui est de l’ordre de 1.800 milliards d’euros.
Quant à l’Espagne, la zone euro lui a demandé très formellement de faire des efforts “pour augmenter la croissance de façon à réduire le niveau inacceptable du chômage” – près de 21% de la population.
L’UE souhaite ainsi que Madrid réforme son marché du travail “pour accroître la flexibilité au niveau des entreprises et de la main d’œuvre”.