Sexe, morale et présidentielle au conseil national de l’UMP

Sexe, morale et présidentielle au conseil national de l’UMP
Samedi, Georges Tron n’a pas fait le déplacement porte de Versailles pour le deuxième conseil national de l’UMP version Copé. Mais en coulisses, il n’était question que du secrétaire d’État à la Fonction publique et de sa démission, pressentie comme imminente. Ne restait plus du coup à ses amis qu’à commencer à jeter quelques pelletées de terre sur son cercueil. "Georges Tron est un garçon sympathique, dynamique et très compétent, note ainsi Jean-Claude Gaudin, chef du groupe UMP au Sénat. Il y a la présomption d’innocence mais pour rendre service à ses amis, cela ne me surprendrait pas qu’il le fasse". Sous entendu, qu’il jette l’éponge. "À un moment donné, poursuit Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l’UMP, quand on est en charge et qu’il y a des suspicions très fortes, on peut prendre ses responsabilités. Il vaut mieux clarifier les choses tout de suite". "J’espère qu’il se sortira de ce mauvais pas, observe le député de Paris Claude Goasguen. Mais il est vrai que cela pose une gêne à la majorité". Fermez le ban!

Dans la salle, la bande-son n’est pas meilleure : "Il faut que Tron parte, et vite", peut-on y entendre. Samedi, si l’on parlait à l’UMP des ennuis judiciaires du maire de Draveil, c’est surtout parce que cette histoire touche un tabou. "Ce n’est pas l’affaire DSK, note un secrétaire national, il n’y a pas de traumatisme militant. Tron, ce n’est tout de même pas une figure de l’UMP ni un sarkozyste historique et comme il commence à avoir un discours personnel, on va pouvoir éviter l’amalgame avec le parti". Certains commençaient déjà à envisager l’après. "Pourquoi remplacer Tron? remarque ainsi un cadre. On peut très bien laisser le poste vacant pour, au moment du départ de Christine Lagarde à Bercy, faire un cadeau à un centriste".

"La machine à fantasmes est enclenchée"

À la tribune, samedi, le patron de l’UMP et le Premier ministre, qui célébraient le réchauffement –officiel du moins– de leurs relations après avoir, selon le mot de Jean-François Copé, "failli trouver du gaz de schiste" tant leurs désaccords étaient profonds, ont fait allusion à ces affaires. Le secrétaire général de l’UMP qui avait appelé le matin même à "la retenue" et à "la prudence", a glissé dans son discours un paragraphe sur la présomption d’innocence : "C’est à mes yeux, un principe essentiel, qu’il s’agisse d’un directeur général du FMI, d’un ministre du gouvernement, comme de n’importe quel autre citoyen". François Fillon a, lui, raillé un PS contraint de "ravaler ses leçons de morale, en comparaison d’une UMP qui débat, réfléchit et concentre ses forces pour faire du bilan du quinquennat le socle" de la reconquête.

Ces scandales sexuels ont, en tout cas, engendré une nouvelle inquiétude, palpable samedi dans les rangs de l’UMP. "On va entrer dans une période compliquée à gérer", observe Bruno Beschizza, conseiller régional en Seine-Saint-Denis. Cet ancien syndicaliste policier en veut pour preuve l’article paru cette semaine dans Le Monde, qui fait état d’un rapport policier sur les activités sexuelles tarifées de DSK à Paris : "On voit bien que l’on va commencer à entrer dans les chambres à coucher". "Sexe, argent et pouvoir, de toutes manières, on n’y peut rien, la machine à fantasmes est enclenchée", soupire une députée. Un conseiller s’inquiète : "Si on se lance dans une opération mains propres, autant donner tout de suite les clés à Marine Le Pen!" En ce qui concerne les chances de Nicolas Sarkozy en 2012, les ténors de l’UMP sont restés samedi très prudents. Si Jean-François Copé a dit sentir un "frémissement" dans le parti, Jean-Pierre Raffarin a jugé la victoire "probable mais pas certaine", tous deux appelant Jean-Louis Borloo à l’unité derrière le Président.

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