L’ancien ministre de la Culture veut mettre fin à tout soupçon : "Je découvre avec dégoût les extraits d’une lettre d’Arnaud Montebourg reproduite par Le Parisien. Je ne suis évidemment ni de près ni de loin lié aux faits rapportés sur le Pas-de-Calais". Et d’insister : "Je ne suis en rien concerné par les diatribes et les appréciations à l’emporte-pièce proférées par Arnaud Montebourg". "Si le député de Saône-et-Loire est libre de ses jugements de valeur, en revanche je ne tolère pas la moindre mise en cause diffamatoire me concernant ", prévient-il.
Sur BFM TV, Jack Lang va plus loin : "Si je le rencontrais dans les heures qui viennent, il recevrait une bonne paire de gifles", lâche-t-il, avant d’ajouter : "Cela fait trop longtemps qu’en permanence , il s’autorise à mettre les uns les autres en cause, à commencer par la première secrétaire du Parti socialiste".
Dans un courrier du 21 novembre – révélé jeudi par l’AFP – Arnaud Montebourg alerte la première secrétaire du PS sur "un système de corruption" bénéficiant à des élus du parti dans le Pas-de-Calais. Un constat qui nécessite, selon lui, d’écarter plusieurs députés socialistes sortants des prochaines législatives. Dans le viseur du député de Saône-et-Loire, Jean-Pierre Kucheida. Le député-maire de Liévin a été accusé d’être au centre d’un système de financement occulte du PS départemental et d’emplois fictifs.
Mais Jack Lang n’est pas non plus épargné. Au détour d’une phrase, Arnaud Montebourg laisse ainsi entendre que le PS risquerait de prêter le flanc aux "attaques" de Marine Le Pen, élue dans le Pas-de-Calais, si ce "système de corruption (…) dont la présence de Jack Lang dans ce département n’est qu’un des tristes symptômes" n’est pas dénoncé par le parti.
Kucheida dénonce le gel de sa candidature
Pour répondre aux allégations d’Arnaud Montebourg, Martine Aubry avait annoncé jeudi soir son intention d’ouvrir une commission d’enquêtes. La patronne du PS expliquait aussi qu’elle allait proposer samedi à la convention nationale du PS de "geler la désignation" de Jean-Pierre Kucheida. Une décision qui a provoqué la colère du principal intéressé : "Je trouve ça totalement anormal", a déclaré à l’AFP le député-maire de Liévin. "Qu’est-ce que Martine Aubry fait de la présomption d’innocence au moment où personne ne m’a encore convoqué […], au moment où personne ne m’a encore demandé de comptes?".
A son tour, l’élu socialiste nie en bloc être au centre d’un système de financement occulte, estimant que ces accusations sont basées "à partir de quelques ragots […] de Gérard Dalongeville", l’ancien maire PS d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Mais quoi qu’il en soit, Jean-Pierre Kucheida s’est dit "confiant" sur la perspective d’être blanchi par la commission d’enquête.
Une affaire qui pourrait embarrasser le candidat socialiste, en pleine campagne. Mais le porte-parole de François Hollande, Bernard Cazeneuve, cité par Le Nouvel Observateur, estime que le sujet ne concerne pas directement leur leader : "François Hollande est candidat à la présidentielle dans un contexte particulièrement difficile. Il n’est pas concerné par cette affaire et n’a pas à se positionner sur un sujet qui relève du Parti Socialiste."