Scandale 1MDB: l’ex-Premier ministre malaisien Najib Razak condamné à 12 ans de prison

L’ex-Premier ministre malaisien Najib Razak a été condamné mardi à 12 ans de prison dans son premier procès pour corruption, une décision dont il compte faire appel, deux ans après la chute de son gouvernement dans le retentissant scandale 1MDB

La Haute Cour de Kuala Lumpur a également condamné l’ancien dirigeant de 67 ans à une amende de 210 millions de ringgits (42 millions d’euros) après l’avoir reconnu coupable de sept chefs d’accusation dans cette fraude de plusieurs milliards de dollars aux ramifications planétaires.

Najib Razak était accusé d’avoir, avec ses proches, pillé le fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB), censé contribuer au développement économique de la Malaisie.

Une partie des fonds détournés aurait servi à financer le film « Le Loup de Wall Street » avec Leonardo DiCaprio, tandis que la banque Goldman Sachs a été éclaboussée par l’affaire.

« Je regrette la décision de la Cour, mais nous irons en appel », a déclaré l’ancien Premier ministre aux journalistes. « Ce n’est pas la fin du monde, je crois en mon innocence », a-t-il insisté pendant que des centaines de ses partisans en colère scandaient « longue vie à Najib! » à la sortie de la Haute Cour.

Najib Razak sera autorisé à rester libre sous caution jusqu’à la fin de la procédure d’appel.

La colère des Malaisiens contre ce pillage a joué un grand rôle dans la défaite électorale surprise en 2018 de la coalition menée par Najib Razak, qui dirigeait le gouvernement depuis 2009.

Le jugement a été accueilli comme une bonne nouvelle pour l’Etat de droit en Malaisie, alors que le parti de Najib Razak a regagné le pouvoir en mars après la chute d’une coalition réformiste.

Certains redoutaient que l’alternance n’affecte l’issue de ce procès, comme avait semblé le présager l’abandon des poursuites contre Riza Aziz, le beau-fils de l’ex-Premier ministre et l’un des producteurs du « Loup de Wall Street », dans le cadre d’un accord avec le ministère public.

Le gouvernement « respecte la décision » de la Haute Cour et invite les Malaisiens à « avoir toute confiance dans la justice et à considérer cette institution comme libre et indépendante », a réagi le Premier ministre Muhyiddin Yassin.

Une prise de position qui pourrait lui valoir le « soutien de ceux qui voulaient voir (appliquée) la justice dans cette affaire », a estimé auprès de l’AFP Bridget Welsh, une spécialiste de la Malaisie à l’université de Nottingham. Le chef du gouvernement s’est ainsi profilé comme quelqu’un qui « fait passer le pays avant la politique ».

L’alliance « Le pacte de l’espoir », conduite par Anwar Ibrahim, qui avait contribué à évincer Najib Razak, a salué le verdict, y voyant « une immense victoire pour les Malaisiens. »

 « Kleptocratie »
Ce premier procès devant la Haute Cour de Kuala Lumpur, qui a duré seize mois, portait sur le transfert de 42 millions de ringgits (8,4 millions d’euros) de SRC International, une entité du fonds, vers les comptes bancaires de Najib Razak.

Ce dernier a systématiquement rejeté toutes les accusations et a déclaré ignorer les transactions opérées par SRC.

Mais le juge l’a déclaré coupable des sept chefs d’accusation d’abus de pouvoir, abus de confiance et blanchiment d’argent.

Najib Razak est demeuré calme, inclinant la tête après la lecture du verdict. Ses avocats ont présenté l’ex-Premier ministre en victime, désignant le financier malaisien Low Taek Jho comme principal responsable et « cerveau » du pillage.

Aussi surnommé Jho Low, l’homme poursuivi en Malaisie et aux Etats-Unis, reste introuvable mais a protesté de son innocence par l’intermédiaire de ses avocats.

Les détournements jugés dans le premier procès de Najib Razak sont modestes au regard de ceux visés par son deuxième procès, le plus important, qui porte sur plus de 500 millions de dollars.

La Malaisie avait accusé Goldman Sachs et plusieurs de ses responsables d’avoir permis les détournements en organisant une émission obligataire de 6,5 milliards de dollars pour 1MDB.

Mais vendredi, la Malaisie a conclu un accord de 3,9 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites contre le géant de Wall Street.

 

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