Retraites/France: syndicats et gouvernement campent sur leurs positions, inquiétude pour Noël

Syndicats et gouvernement campaient dimanche sur leurs positions au onzième jour de grève dans les transports contre la réforme des retraites et à l’avant-veille d’une journée de manifestations à l’appel de l’ensemble des syndicats, qui s’annonce très suivie.

Alors que la situation était toujours très perturbée dans les transports en ce dernier weekend avant les vacances de fin d’année, le gouvernement et la majorité se sont employés à renvoyer la responsabilité de difficultés de circulation des trains à Noël aux grévistes.

"Noël c’est un moment important. Il faudra que chacun prenne ses responsabilités. Je ne crois pas que les Français accepteraient que certains puissent les priver de ce moment", a déclaré le Premier ministre Édouard Philippe dans le Parisien.

"Il faut une trêve, il est juste impensable que deux professions puissent empêcher les Français de partager des moments en famille dont tout le monde à besoin", a renchéri le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand.

Opposés à l’instauration d’un système de retraite par points, les cheminots grévistes ont déjà prévenu qu’ils n’envisageaient pas de "trêve" pour les fêtes de fin d’année.

"Il faut sortir de la loi immédiatement cette idée de travailler plus longtemps, mais c’est inévitablement ce à quoi conduit ce système par points", a dit dimanche sur RTL-LCI-Le Figaro Yves Veyrier, numéro un de FO, estimant qu’il s’agit là d’une "très mauvaise idée du président de la République".

"Si le gouvernement veut que le conflit cesse avant les fêtes, il a toute la semaine prochaine pour prendre la décision de bon sens qui s’impose: le retrait de la réforme par points", avait déjà prévenu Laurent Brun, leader de la CGT-Cheminots.

Dimanche se déplacer en transports en commun restait extrêmement compliqué, avec seulement un TGV sur 4, un TER sur trois et un train de banlieue sur 5 en circulation à la SNCF, et la quasi-totalité des lignes de métro de la RATP fermées (sauf lignes automatiques 1 et 14, et Orlyval).

Le trafic continuera à être très perturbé lundi avec toujours en moyenne un quart des TGV et un tiers des TER, et encore de nombreuses lignes de métros fermées (2, 3 bis, 5, 6, 7 bis, 10, 12 et 13) ou ne fonctionnant que très partiellement.

– "Difficile" de discuter avant mardi –

Malgré cette incertitude pour la période des Fêtes, l’opinion publique semble rester favorable au mouvement. Selon un sondage Ifop pour le JDD, 54% des Français soutiennent la grève (contre 46% le 1er décembre avant le début du mouvement et 53% après la mobilisation du 5 décembre), et 30% lui sont hostiles (même proportion que la semaine passée).

Élément clé du passage de la réforme dans l’opinion, le patron de la CFDT, Laurent Berger, est sorti dimanche du silence qu’il observait depuis son coup de colère mercredi contre la décision du gouvernement d’ajouter une mesure d’âge à son projet. Le gouvernement prévoit un "âge d’équilibre" à 64 ans. Cela signifie que chacun pourra continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais au prix d’un malus sur sa pension, ceux partant après bénéficiant au contraire d’un bonus.

"C’est très simple: pour que la CFDT porte un autre regard sur ce projet de loi, le gouvernement doit accepter de retirer l’âge d’équilibre. Un point, c’est tout", a dit M. Berger au Journal du dimanche.

Se disant soucieux qu’il n’y ait "pas de blocage des transports à Noël", il a laissé entendre qu’il acceptait l’invitation de Matignon à une nouvelle concertation, mais sans préciser de date.

Avant mardi, grande journée de mobilisation intersyndicale où cheminots, étudiants, contrôleurs aériens, fonctionnaires, professions de santé, avocats, magistrats, enseignants sont attendus dans la rue ? Cela sera "difficile", a convenu sur BFMTV la ministre de la Santé Agnès Buzyn, espérant néanmoins une reprise "des discussions avant la fin de la semaine prochaine".

"L’âge pivot n’est pas le totem de la réforme", a redit sur RTL-LCI-Le Figaro le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, en réponse à Laurent Berger.

Reste que le débat de fond est parasité par la mise en cause du haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye, fragilisé par un cumul de fonctions et des soupçons de conflits d’intérêts après des omissions dans sa déclaration d’intérêts. Il a rectifié cette dernière en déclarant 13 mandats dont 11 bénévoles, soit dix de plus.

Si Édouard Philippe et plusieurs membres du gouvernement lui ont apporté leur soutien ces dernières heures, la réunion du collège de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) prévue mercredi pourrait changer la donne si elle décidait de saisir la justice.

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