Que faire de l’eau radioactive de Fukushima?

Pendant près de quatre semaines, les équipes de secours se sont succédé pour refroidir les réacteurs endommagés de Fukushima. Aujourd’hui, la centrale nucléaire renferme 57 millions de litres d’eau radioactive. Mais que faire de ce flot radioactif?

Que faire de l’eau radioactive de Fukushima?
Depuis bientôt un mois, des pompiers et opérateurs de la centrale se succèdent autour de Fukushima pour noyer et refroidir les réacteurs. La semaine dernière, c’est une fuite d’eau hautement radioactive sur le réacteur n°2 qui a inquiété les voisins de la centrale. Celle-ci a été colmatée, mais près de 57 millions de litres d’eau radioactive se trouvent encore accumulés dans la centrale.

Et chaque heure, quelque 10m3 d’eau sont versés sur chaque réacteur. Les barres de combustible dans le coeur des réacteurs et dans les piscines de désactivation doivent être arrosées jour et nuit à l’aide de pompes de secours en attendant que l’alimentation électrique et les circuits de refroidissement soient rétablis. Des volutes de fumée blanche, probablement de la vapeur d’eau radioactive, continuent de s’échapper de trois des quatre réacteurs endommagés.

Selon Robert Alvarez, ancien secrétaire général adjoint au département américain de l’énergie, “il n’y a jamais rien eu d’équivalent, on n’a jamais été face à cette situation”. Thierry Charles, directeur de la sûreté à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), explique au JDD.fr que ce “n’est pas compliqué à gérer sur le fond, mais l’échelle est beaucoup plus grande que d’habitude”. Le Los Angeles Times rapporte que l’eau est en train de s’infiltrer dans les tunnels et couloirs de la centrale qui ressemble de plus en plus à une “mer des déchets mortels”.

SOLUTION 1: REJETER L’EAU DANS L’OCÉAN

La première des options possibles est de rejeter l’eau dans l’océan. Tepco, l’opérateur de Daiichi Fukushima, a entrepris depuis le début de la semaine de rejeter 11.500 tonnes d’eau faiblement radioactive dans le Pacifique. Le niveau de radioactivité de cette eau est estimé à 100 fois supérieure à la norme, ce qui est présenté par l’opérateur de Fukushima comme "relativement faible."

Mais cette situation inquiète les voisins du Japon. La Chine se fait du souci quant aux rejets d’eau radioactive. "Nous espérons que, conformément à la législation internationale, le Japon prendra des mesures efficaces pour protéger l’environnement marin”, a déclaré vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hong Lei. La Corée de Sud a demandé davantage de précisions sur le contenu des rejets et Boris Preobrazhensky, membre de l’académie des Sciences de Russie s’est lui ému des conséquences environnementales.

Thierry Charles, directeur de l’IRSN, justifie, lui, ces rejets. “Il s’agit d’eau très faiblement radioactive stockée par les systèmes de traitement de la centrale avant le séisme”, déclare-t-il.

SOLUTION 2: TRAITEMENT DES DECHETS

Les substances hautement radioactives pourraient aussi être transformées et solidifiées. Une opération qui ne pourra avoir lieu que dans un complexe industriel spécialement conçu pour cela. Cela pourrait prendre des années et coûter des dizaines de milliards de dollars.

Pour Thierry Charles, il existe quatre formes de traitements: “la filtration, qui permet d’enlever le plus gros des éléments radioactifs, le traitement par résine, qui absorbe la contamination, le traitement chimique, avec des sels qui récupèrent l’eau propre et rendent solides les éléments radioactifs, et enfin l’évaporation qui permet de laisser échapper de l’eau quasi-propre et d’en récupérer les restes”.

Mais avant cela, le Japon doit emmagasiner des quantités considérables d’eau contaminée. Un étang de stockage est à l’étude mais des conteneurs géants flottants devraient être utilisés dès les prochaines semaines. Le Japon a aussi demandé l’aide de la Russie par l’intermédiaire du “Suzuran”, une plateforme flottante de traitement des déchets radioactifs, habituellement utilisée pour le démantellement des sous-marins nucléaires russes à Vladivostok.

SOLUTION 3: ELOIGNER LES POPULATIONS

Enfin, la dernière des solutions préventives est d’élargir la zone d’évacuation autour de la centrale. C’est une solution d’urgence et temporaire pour éviter le contact des populations, et des travailleurs, avec de l’eau irradiante.

Depuis les explosions, les réacteurs 2 et 3 ne sont plus étanches. Pour Thierry Charles, “il n’est pas envisageable que des travailleurs soient présents dans ces réacteurs tant qu’il y aura des fuites”. Cela complique les opérations dans ces bâtiments où de l’eau contaminée coule dans locaux, rendant impossible toute opération.

A l’extérieur, la zone d’évacuation autour de la centrale est de 20km, mais elle pourrait augmenter dans les prochains jours. "Actuellement, les normes de sécurité prévoient qu’un ordre d’évacuation est émis si les résidents locaux risquent d’être exposés à des radiations de 50 millisieverts* ou plus par heure", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano.

*Le sievert est l’unité qui vise à évaluer quantitativement l’impact biologique d’une exposition à des rayonnements ionisant. On utilise par commodité le millisievert. En France, la dose annuelle moyenne reçue, par personne, est d’envrion 2,4 millisievert.

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