La capitale, où toute manifestation est strictement interdite, avait été la veille le théâtre – comme de nombreuses autres villes d’Algérie – d’une importante mobilisation contre le 5e mandat que brigue le président Abdelaziz Bouteflika.
Rachid Nekkaz, homme d’affaires de 47 ans, né en France où il a passé l’essentiel de sa vie, s’est rendu dans le centre d’Alger samedi, après l’avoir annoncé sur sa page Facebook suivie par 1,5 million de personnes, pour y récolter une partie des 60.000 parrainages d’électeurs nécessaires pour présenter sa candidature à la présidentielle du 18 avril.
Aux cris de "Nekkaz président!" et au milieu de slogans hostiles au 5e mandat, il a été accueilli à la mairie d’Alger-Centre par plusieurs centaines de jeunes partisans.
"La police m’a contacté pour m’informer qu’ils emmenaient M. Nekkaz à Chlef", à environ 150 km au sud-ouest d’Alger, région où il est domicilié en Algérie, expliqué à l’AFP son directeur de campagne Lotfi Derradji.
"Je n’ai pas pu lui parler depuis, son téléphone a été confisqué, on pourra lui parler quand il sera chez lui", a-t-il ajouté.
Une courte vidéo postée samedi sur internet montre une personne, présentée comme M. Nekkaz, entourée et emmenée précipitamment par des hommes en civil.
Selon son directeur de campagne, M. Nekkaz était jusqu’à l’an dernier, "en résidence surveillée" de fait, empêché par la police de se déplacer librement. Depuis, "les restrictions avaient été levées, mais apparemment il y a eu de nouvelles instructions", a-t-il poursuivi.
Depuis quelques semaines, M. Nekkaz sillonne l’Algérie à la quête de ses signatures de parrainage, drainant des foules importantes.
Le 19 février, à Khenchela (500 km d’Alger), la décision – illégale – du maire de lui interdire l’accès à la mairie avait déclenché la colère de centaines de ses partisans qui s’étaient rassemblés devant le bâtiment avant d’en décrocher un immense portrait de M. Bouteflika.
La vidéo avait été largement relayée sur les réseaux sociaux en Algérie.
Binational franco-algérien, M. Nekkaz affirme "n’être plus français" depuis qu’il a rendu son passeport français en 2013. Ne sont en effet éligibles à la présidence que les candidats n’ayant "que la nationalité algérienne", selon la Constitution.
M. Nekkaz avait déjà tenté de se présenter à la présidentielle de 2014 en Algérie, avant de devoir renoncer, affirmant que ses parrainages lui avaient été dérobés. Il a aussi tenté d’être candidat à la présidentielle en France en 2007.