Pour les Algériens de Paris, le combat continue

Sans même se concerter, des milliers d’Algériens se sont retrouvés dimanche pour la huitième semaine Place de la République à Paris pour exiger « une vraie démocratie » en Algérie, redoutant un durcissement du régime face à la contestation.

Comme au pays, l’annonce d’une présidentielle le 4 juillet pour désigner un successeur à Abdelaziz Bouteflika n’a pas entamé la mobilisation de la diaspora, qui craint de voir le mouvement confisqué par des proches du président sortant.

"Nous voulons une vraie démocratie, où toutes les libertés seront respectées, où les pouvoirs seront séparés, la justice indépendante et même, pourquoi pas, l’égalité homme-femme". Micro en main, le Dr Djamel Attar, 65 ans, harangue ses compatriotes sous une banderole "Pour une IIe République, citoyenne, civile, démocratique et moderne".

"Rien ne nous satisfait" dans les annonces de la semaine, explique à l’AFP le médecin retraité.

"Le risque qui se dessine, c’est un scénario à l’égyptienne", estime-t-il, redoutant "la proclamation de l’état d’exception".

Après son coup d’Etat en juillet 2013, deux ans après la révolution ayant chassé Moubarak du pouvoir, le maréchal égyptien Abdel Fattah-al-Sissi a été élu président lors d’un scrutin contesté.

Pour le Dr Attar, le tournant a eu lieu mardi, lorsque la police a tiré des grenades lacrymogènes et au canon à eau sur une manifestation étudiante à Alger.

Des heurts se sont de nouveau produits vendredi.

"J’espère qu’on va gagner, mais je suis inquiète, j’ai une boule, là", indique Kenza, 55 ans, le doigt sur son abdomen.

Coiffée d’un feutre de cow-boy aux couleurs de l’Algérie, un drapeau noué en cape, cette Algéroise installée en France depuis 25 ans, fuyant les "années noires" de guerre civile, n’a pas manqué un seul "dimanche à République".

"On n’a même plus besoin de s’appeler, on vient spontanément. Il ne faut pas lâcher", insiste-t-elle. Même si elle prévoit d’alléger sa présence quand commencera le jeûne du Ramadan début mai. "Mais les jeunes, eux, continueront".

En survêtement vert et blanc, frappé du croissant et de l’étoile rouge, Rami Smata, 34 ans, fait défiler sur son téléphone des images du pays et s’arrête sur celle de sa grand-mère, voilée de blanc sur son balcon, en surplomb d’une foule monstre à Bordj Bou Arreridj (nord), l’une "des plus fortes mobilisations après Alger" souligne-t-il fièrement.

"Ce pouvoir doit partir. La jeunesse n’a déjà que trop patienté", lâche-t-il.

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