Mohammed VI et la communauté de destin avec le CCG

De tous les discours prononcés par Mohammed VI sur les relations avec Le Monde arabe, celui que le souverain a délivré à Ryad à l’occasion du sommet Maroc/CCG, entouré de tous dirigeants des pays du Golfe, est le plus direct, le plus complet et résume parfaitement la doctrine du royaume en la matière. Une seule phrase semblait capter l’ensemble de l’atmosphère de cet événement inédit, celle dans laquelle le Roi du Maroc affirmait avec une grande conviction que la stabilité des pays du Golfe et celle du Maroc et la sécurité du Maroc celle des pays du Golfe.

Par Mustapha Tossa

Cette communauté de destin résumé par cette phrase "Ce qui vous porte préjudice nous affecte aussi et ce qui nous touche vous touche également", s’est imposée de manière naturelle comme la ligne conductrice de cette alliance jadis naturelle aujourd’hui structurellement organisée. Cette posture prend encore plus de pertinence lorsque Mohammed VI décrit les menaces et les forces conspiratrices, issues de nouvelles alliances qui font peser sur le Maroc et ses alliés du Golfe une menace commune qui vise à les déstabiliser et à semer le chaos.

Dans ce discours où le qualificatif d’historique ne paraît pas galvaudé, Mohammed VI a pour la première fois livré avec une clarté inédite son approche de ce qu’on appelle communément le printemps arabe qui s’est transformé selon le souverain marocain en automne de la déstabilisation et du chaos. Le Roi a eu cette lecture qui résume la dynamique des récents événements :" Après ce qui fut présenté comme un printemps arabe qui a occasionné tant de ravages, de désolations et de drames humains, nous voilà vivre aujourd’hui un automne calamiteux".

Et c’est dans ce cadre précis que le Roi du Maroc inscrit les différentes tentatives et de déstabilisation, de pressions et de chantages exercés sur le Maroc par des forces qui lui disputent son intégrité territoriale. Instrument de ce lugubre dessein, le Secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon, qui livre au Maroc "une guerre par procuration" selon l’expression royale.

Mohammed VI est longuement revenu sur les dérapages du responsable onusien. Il a pointé du doigt deux défaillances majeures qui ont poussé Ban Ki-Moon à sortir de sa neutralité et de son objectivité. La première est son ignorance avouée des arcanes du dossier du Sahara marocain, une dispute nourrie par l’Algérie depuis plus de quarante ans. La seconde est la présence dans son entourage de personnages qui obéissent à d’autres logiques et à d’autres agendas que celles d’instaurer la paix et la stabilité dans la région.

Dans le discours de Ryad, une grande idée marocaine a été mise en valeur, celle de la multiplicité des alliances stratégiques dans les relations extérieures du Royaume pour sortir des tête-à-tête qui font croire aux situations acquises et aux fidélités éternelles. Et cette phrase forte qui sonne comme un avertissement et un message à peine codé :" Le Maroc est libre dans ses décisions et ses choix et n’est la chasse gardée d’aucun pays".

Devant ses pairs des pays du Golfe, le Roi Mohammed VI a tenu valoriser les fruits politiques de sa dernière visite en Russie et la relations très stratégique que Rabat est parvenue à nouer avec Moscou. En parlant avec un grand pays comme l’Inde et sa prochaine visite en Chine, le souverain marocain montrait la palette des marges possibles qui s’offraient à la diplomatie marocaine pour défendre ses intérêts, varier les sources de son influence et tentait d’inspirer ses hôtes, eux même en délicatesse conjoncturelle avec le grand allié américain.

Dans la guerre idéologique contre le terrorisme, le Roi du Maroc est resté fidèle à sa stratégie d’apporter des réponses et des thérapies pour contrer les discours radicaux qui inspirent la violence. Il eut cette proposition qui fera date dans la lutte contre les ressorts politiques du terrorisme. "Cette situation exige d’ouvrir un débat franc et profond entre les différents rites pour corriger les mystifications et mettre la véritable image de l’islam". Prononcée par le Commandeur des croyants devant les monarques du Golfe dont le serviteur des lieux saints, cette approche fera date et peut configurer l’ensemble de la bataille musulmane contre la terreur au nom de la religion.

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