Migration: le Maroc souligne la nécessité d’appuyer les pays du Sud pour renforcer le contrôle des frontières

Le Maroc a souligné, lundi à Madrid, la nécessité d’appuyer les pays du Sud pour renforcer le contrôle des frontières, à travers le soutien financier et technique, le renforcement des capacités, la formation et l’échange d’expertises.

Intervenant lors de la cérémonie d’ouverture de la Réunion thématique sur "la coopération entre les pays d’origine, de transit et de destination dans le domaine de la gestion des frontières", co-présidée par le Maroc et l’Espagne, le Wali, directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, Khalid Zerouali, a affirmé que la priorité opérationnelle absolue porte, aujourd’hui plus que jamais, sur le renforcement et la résilience des dispositifs de contrôle frontalier pour neutraliser les routes transfrontalières de trafic empruntées par les filières et qui charrient toutes sortes de menaces potentielles allant de l’infiltration de migrants à celle des terroristes, notamment les combattants étrangers terroristes.

"Cet impératif opérationnel de contrôle frontalier n’est pas l’apanage d’un seul pays. Il doit être appréhendé sous l’angle de l’indivisibilité de la sécurité et son corollaire indissociable de coopération régionale solidaire entre tous les partenaires", a fait savoir le responsable marocain, notant que le contrôle frontalier et la lutte contre la criminalité transfrontalière doivent être placés désormais dans une logique de performance multiplicative entre tous les pays pour éviter que la vulnérabilité d’un partenaire se répercute sur l’ensemble.

Après avoir précisé que la nouvelle dimension des frontières et de sécurité internationale et régionale rend les schémas d’analyse classiques dépassés, M. Zerouali a assuré que la réalité sur le terrain démontre que les groupes criminels se nourrissent aujourd’hui d’une vitalité financière très importante, alimentée par les divers trafics et également par les circuits de blanchiment de capitaux, et orientent leur offre logistique et leurs relais au profit des niches les plus lucratives pouvant toucher aussi bien le trafic de migrants que celui des stupéfiants, d’armes, de la traite des personnes, de la contrebande, ainsi que les activités terroristes.

"Ce défi de sécurité commune nous interpelle pour une prise de conscience collective sur ses enjeux", a-t-il insisté, ajoutant que "tout partenaire qui se désolidarise de la lutte régionale coordonnée, pourrait se retrouver lui-même victime de la menace transfrontalière portée par la criminalité organisée et le terrorisme".

Pour sa part, le Maroc contribue pleinement à la sécurité régionale en mobilisant des moyens colossaux pour sécuriser ses frontières et lutter efficacement contre le crime transfrontalier en général et le terrorisme en particulier, a-t-il affirmé, faisant savoir que le Royaume est convaincu que la sécurité et le développement constituent un binôme indissociable, une ligne directrice qui se décline aussi dans sa stratégie de coopération sud-sud.

Les tournées du Roi Mohammed VI en Afrique ces dernières années ont permis, à travers des investissements d’envergure touchant plusieurs secteurs générateurs de revenus, l’ancrage du co-développement en tant qu’outil de stabilité qui atténue la vulnérabilité et la précarité, a-t-il rappelé.

M. Zerouali a, par ailleurs, tenu à mettre en avant l’importance de cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre du Processus de Rabat, qui a atteint aujourd’hui sa pleine maturité et qui a su imprégner à la coopération régionale une forte dynamique de solidarité et de partenariat concret, relevant que le Maroc a été un promoteur majeur et engagé de ce processus, dans la mesure où la première conférence Euro-Afrique sur la migration et le développement, organisée en juillet 2006 à Rabat, a constitué une inflexion majeure dans la coopération Nord-Sud.

Cette initiative régionale qui a lancé le processus de Rabat, a-t-il ajouté, a aussi ancré le rôle de passerelle que le Maroc a toujours assuré entre le Nord et le Sud, dans la continuité de sa vocation éminemment africaine et son ouverture sur le monde, conformément à la Haute vision du Roi Mohammed VI, dont le leadership a été reconnu par ses pairs chefs d’Etats africains qui l’ont désigné leader de la thématique de la migration au niveau continental.

M. Zerouali a, en outre, salué les efforts déployés par le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, visant à insuffler une nouvelle dynamique à la coopération maroco-espagnole en matière de sécurité en général et de la gestion des frontières en particulier, se disant convaincu que les recommandations et les pistes de coopération qui seront proposées au terme de cette réunion consolideront les fondements d’une véritable gouvernance de sécurité commune, conciliant tous les aspects de cette problématique planétaire autour de solutions structurelles et concrètes.

Le Dialogue euro-africain sur la migration et le développement (Processus de Rabat) est un dialogue régional sur la migration. Depuis 2006, il offre un cadre de consultation réunissant les pays d’origine, de transit et de destination des routes migratoires reliant l’Afrique centrale, de l’Ouest et du Nord à l’Europe.

Plus de 60 parties prenantes, y compris la Commission européenne (CE) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont impliquées. Il en résulte un dialogue ouvert entre les administrations nationales sur les questions techniques et politiques liées à la migration et au développement.

Conduite par M. Zerouali, la délégation marocaine qui prend part à cette réunion de deux jours est composée de Aziz Jilali, chef de la Division de la migration au ministère de l’Intérieur, et de Boucheta Fehli, directeur des renseignements généraux à la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN).

Cette réunion, qui réunit les représentants de tous les pays impliqués dans ce processus, s’est déroulée en présence notamment de l’ambassadeur du Royaume à Madrid, Karima Benyaich.

Au programme de cette rencontre figurent des sessions de discussion autour de plusieurs thématiques, dont "le contexte de l’application de la coopération frontalière", "les problèmes et les difficultés du contrôle des frontières: cas du Maroc, la Tunisie et du Liban", "les aspects pratiques de la coopération", "les formes d’assistance pour le renforcement de la coopération aux niveaux national et régional", "le projet de coopération en matière migratoire" et "les leçons à retenir des projets réalisés dans le domaine de la gestion des frontières".

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