Ce sera l’attraction politique de la semaine à Washington.
D’autant plus que parallèlement, l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur les liens entre la campagne présidentielle de Donald Trump et la Russie touche à sa fin. Pendant ce temps, le 45e président des Etats-Unis sera au Vietnam pour un sommet avec Kim Jong Un.
Le premier acte aura lieu mardi devant les sénateurs spécialistes du renseignement, selon les avocats de Michael Cohen. La puissante commission du Renseignement n’a pas encore confirmé l’heure de cette audition.
Ce premier round se tiendra à huis clos, et c’est donc le deuxième acte, public, mercredi à la Chambre des représentants récemment repassée sous contrôle démocrate, qui attirera tous les regards.
Les membres de la commission chargée des enquêtes parlementaires interrogeront Michael Cohen sur sa connaissance intime, pendant des années, des affaires du milliardaire.
Tout devrait y passer: les finances de la Trump Organization, les déclarations d’impôts du promoteur, les comptes douteux de sa fondation, le projet de Trump Tower à Moscou en pleine campagne présidentielle… Et bien sûr les 280.000 dollars que Michael Cohen dit avoir versés à deux femmes, Stormy Daniels et Karen McDougal, pour acheter leur silence sur leurs liaisons supposées avec le chef.
"Les efforts publics du président et de son avocat pour intimider M. Cohen et d’autres, et les pousser à ne pas témoigner" sont aussi à l’ordre du jour, a dit le président démocrate de la commission concernée, Elijah Cummings.
Enfin, Michael Cohen témoignera jeudi devant la commission du Renseignement de la Chambre, à huis clos, pour parler du sujet le plus sensible: les contacts entre l’équipe Trump et des Russes durant la campagne de 2016, et une éventuelle collusion pour battre Hillary Clinton. Une collusion démentie continuellement par le vainqueur de l’élection, qui dit faire l’objet d’une "chasse aux sorcières".
Ces auditions avaient été reportées plusieurs fois, au motif que Michael Cohen avait dit avoir reçu des "menaces" contre sa famille.
L’ancien fidèle était autrefois prêt à tout pour protéger son patron. Mais rattrapé par la justice, le "pitbull" s’est repenti et a regretté publiquement d’avoir couvert les "sales coups" et les "crimes" de M. Trump.
Il a plaidé coupable l’an dernier de chefs d’accusation n’ayant rien à voir avec la Russie. Il a été condamné en décembre à trois ans de prison pour fraude fiscale et infraction au code électoral, et sera incarcéré le 6 mai.
Michael Cohen a cédé à la pression judiciaire sur ces délits annexes et accepté de coopérer avec l’équipe Mueller sur ce qui l’intéresse réellement: l’affaire russe. Et c’est ce qui agite Donald Trump, à en croire le nombre de tweets injurieux visant son ancien lieutenant.
La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, affirme le contraire: "je ne pense pas du tout que le président s’inquiète à propos de Michael Cohen", a-t-elle dit sur Fox vendredi.
Quant au rapport d’enquête Mueller, sa finalisation est très attendue à Washington. Des médias ont rapporté qu’elle était imminente.
Reste à savoir ce qu’en fera le ministère de la Justice, qui a la tutelle sur l’enquête de Robert Mueller.
Donald Trump a affirmé le 20 février qu’il appartiendrait à son ministre de la Justice, Bill Barr, de décider de rendre le rapport public ou non.
Des démocrates craignent qu’il ne soit censuré ou expurgé.
En ce cas, a prévenu Adam Schiff, président de la commission du Renseignement de la Chambre, les démocrates sont prêts à utiliser les pouvoirs du Congrès pour convoquer Robert Mueller au même endroit, devant une commission, pour témoigner lui-même. Ce qui serait certainement un grand moment de télévision.