Meurtre députée: Cameron plaide pour la « tolérance » et rappelle le Parlement

David Cameron a lancé un appel à la tolérance vendredi en rendant hommage, à Birstall, à la députée travailliste Jo Cox, sauvagement tuée la veille dans cette ville du nord de l’Angleterre, et a rappelé le Parlement pour une session extraordinaire lundi.

"Là nous voyons de la haine, là où nous voyons des divisions, nous devrions les chasser de notre vie politique, de notre vie publique, de nos communautés", a déclaré le Premier ministre, entouré du chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn et du président du Parlement John Bercow.

M. Corbyn a annoncé que le Parlement, en vacances depuis mercredi pour cause de référendum sur l’UE la semaine prochaine, avait été rappelé à sa demande pour rendre lundi "l’hommage qui est dû (à Jo Cox) au nom de tous ceux qui dans ce pays chérissent la démocratie, la liberté de parole et d’expression politique".

"C’était une femme merveilleuse. Je suis profondément désolé, profondément triste de ce qui lui est arrivé", a-t-il ajouté, ému.

Le meurtre de Jo Cox, 41 ans, et mère de deux jeunes enfants, a provoqué la suspension immédiate de la campagne du référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, qui ne devrait pas reprendre avant le week-end.

Alors que le meurtrier aurait crié "Britain first" ("La Grande-Bretagne d’abord") selon des témoins, des médias n’hésitant pas à mettre en cause l’agressivité de la campagne politique dans son acte.

Le quotidien The Guardian a dénoncé "un ton brutal qui attise les divisions", jugeant que le meurtre constituait une "attaque contre l’humanité, l’idéalisme et la démocratie".

Le Spectator a blâmé jeudi soir le camp pro-sortie de l’UE, mettant en cause directement le leader du parti europhobe Ukip Nigel Farage et les chefs de file de la campagne pro-Brexit, avant de retirer ce passage.

Vendredi, la chancelière allemande Angela Merkel a mis en garde contre "l’exagération et la radicalisation partielle des discours (qui) ne participent pas à la création d’une atmosphère de respect".

La veille, Alastair Campbell, le conseiller de l’ancien Premier ministre Tony Blair, s’en prenait lui à une partie de la presse.

"Les journaux qui attisent la haine et la colère envers les politiciens (…) préparent désormais une belle nécrologie de Jo Cox", a-t-il écrit.

Le ton devrait désormais changer, estiment les analystes interrogés par l’AFP.

"Ce drame va avoir un effet apaisant sur une campagne qui a été agressive, avec des conflits de personnes", déclare Wyn Grant, professeur de politique anglaise à l’université de Warwick.

"Le camp du Brexit va devoir faire plus attention à son langage", juge John Curtice, professeur en politique de l’Université de Strathclyde.

Mais aucun ne s’aventure pas à pronostiquer les conséquences sur le résultat du vote de ce drame alors que les dernières enquêtes d’opinion, avant le meurtre, donnaient le camp du Brexit en tête.

Vendredi, la Bourse de Londres progressait cependant et la livre se reprenait face au dollar, les marchés semblant, eux, estimer que le meurtre de la députée et la suspension de la campagne pouvaient bénéficier au camp du maintien dans l’UE.

"La supposition est que cet événement tragique va faire basculer les indécis dans le camp du maintien et peut-être même inverser la dynamique dont a fait preuve le camp du Brexit dans les sondages", a jugé Mike van Dulken, analyste chez Accendo Markets.

Avocate de la cause des réfugiés, pro-UE, Jo Cox n’avait de cesse de faire l’éloge de la diversité. Elle avait reçu des messages de menace il y a trois mois, mais l’homme incriminé pour ces faits n’est pas son meurtrier présumé, selon la police.

Selon des témoins, Thomas Mair lui a tiré dessus trois fois avant de la poignarder à plusieurs reprises alors qu’elle gisait en sang sur le sol. L’homme de 52 ans, soupçonné d’être proche de l’extrême droite, a été arrêté peu après les faits.

Selon le Southern Poverty Law Centre, un groupe américain de défense des droits civiques, il serait un "partisan dévoué" d’un groupe néo-nazi basé aux Etats-Unis et qui appelle à la création d’une nation peuplée exclusivement de Blancs et à l’éradication du peuple juif.

"J’ai toujours du mal à y croire. Mon frère n’est pas violent et n’est pas du tout politisé", a affirmé au Daily Telegraph Scott Mair, soulignant qu’il souffrait de troubles mentaux.

Vendredi, les habitants de Birstall continuaient de déposer des fleurs et des cartes au pied de la statue de Joseph Priestley, un théologien et philosophe, dans le centre.

"Jo, quel jour abominable et tragique", peut-on lire sur un mot.

"J’ai le coeur brisé pour vos enfants", dit un autre.

Les drapeaux de Buckingham Palace, du Parlement et du 10 Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre, étaient en berne. La reine a adressé un message de soutien à Brendan Cox, le mari de la défunte.

Dans un geste de solidarité, le Parti conservateur a décidé qu’il n’alignerait pas de candidat face au parti travailliste pour l’élection du remplaçant de Jo Cox dans la circonscription de Birstall.

Source AFP

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