Maroc : La majorité gouvernementale évite de justesse l’éclatement

Narjis Rerhaye (A Rabat)

« Tout est rentré dans l’ordre. La majorité a abordé tous les sujets au cours de sa réunion de jeudi soir. Rien n’a été occulté. Aujourd’hui tout est réglé ». Ce leader de la majorité ne nous en dira pas plus sur cette réunion de crise à laquelle ont assisté tous les chefs de partis appartenant à la coalition au pouvoir. Mais, rassurant, il confirme que la majorité a su éviter l’éclatement.

Convoquée dans l’urgence dans la soirée de jeudi 8 février, la rencontre de la majorité gouvernementale a duré près d’une heure et demie. Les échanges ont été courtois mais directs. Pas de fioritures, pas de dérapage verbal non plus.

Les ministres du Rassemblement national des indépendants ainsi que ceux de l’Union socialiste des forces populaires ont boycotté les travaux du conseil de gouvernement réuni quelques heures plus tôt ce matin du jeudi 8 février. Le RNI s’y est fait représenter par sa secrétaire d’Etat au tourisme, Lamia Boutaleb, alors que l’USFP a dépêché son ministre délégué aux MRE, A. Benatik.

Les deux partis qui signent cette première dans l’histoire des conseils de gouvernement entendaient ainsi protester contre les déclarations de Abdelilah Benkirane tenus samedi 3 février devant les congressistes de la jeunesse du PJD et la non réaction de Saadeddine Elothmani, leader du PJD et chef de file de la majorité.

On s’en souvient, Aziz Akhennouch le patron du Rassemblement national des indépendants a été au cœur des attaques de Benkirane ce week-end. L’ancien chef de gouvernement, qui marque son retour sur la scène politique, a pris la parole pendant près d’une heure à l’occasion du congrès de la jeunesse du PJD. Sa cible ? Le RNI et Akhennouch avant de s’en prendre accessoirement à l’USFP, traitée de parti makhzénien. Pour l’ex-leader des islamistes au pouvoir, Aziz Akhennouch serait tout simplement téléguidé et poussé par une main invisible pour en faire le prochain chef de gouvernement avant de lancer que l’attelage argent et pouvoir est « une menace pour l’Etat ». Accusé dans la foulée d’avoir provoqué le blocage gouvernemental qui a lui coûté son poste, Benkirane porte, à l’évidence, une hargne certaine à celui qui a été son ministre de l’Agriculture.

Les attaques de Benkirane formulées en présence de Saadeddine Elothmani, l’actuel chef de gouvernement font très vite le tour des réseaux sociaux et des médias électroniques avant de faire le « Une » de la presse. Au RNI, la colère gronde. De Paris, Akhennouch répond indirectement à l’ex patron du parti de la Lampe. Mais ce n’est pas suffisant. C’est le même mécontentement qui est affiché chez les socialistes. Driss Lachgar, le premier secrétaire de l’USFP, réagit immédiatement en prenant langue avec le chef de gouvernement. Elothmani, chef de file de la majorité, n’a pas jugé nécessaire de réagir à la charge violente prononcée contre deux de ses alliés qui exigent des excuses sinon une réaction.

Les deux formations politiques malmenées par Benkirane décident alors d’adresser une sorte de mise en garde au chef de gouvernement. Chacun des deux partis se fera représenter par un seul ministre au conseil de gouvernement de jeudi dernier. « Nous devions enregistrer notre position. Ce n’est pas un boycott mais l’expression d’une position. Ce faisant, nous revendiquons une clarification car il y en a assez du double jeu du PJD. On ne peut pas être à la fois dans la majorité et à l’opposition », a déclaré à Atlasinfo un ministre en vue du Rassemblement national des indépendants.

Sommé de réagir, Saadeddine Elothmani a donné des gages de bonne volonté au cours de la réunion de la majorité. Le chef de gouvernement devait rendre public un communiqué dans la journée de vendredi 9 février.

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