Macron revient devant le Congrès pour répondre aux critiques sur le social

Critiqué jusque dans son parti pour son manque de "justice" sociale, Emmanuel Macron convoque de nouveau lundi les parlementaires en Congrès à Versailles pour tracer le cap économique et social, un rendez-vous boycotté par la France Insoumise et des élus de droite.

Prévu à 15H00, son discours va aborder, pendant environ une heure, "les grandes lignes" des chantiers des 12 prochains mois pour mener à bien "la transformation du pays", de la réforme de l’audiovisuel aux retraites, selon les maigres indications lâchées par l’Elysée.

Députés et sénateurs seront convoyés en bus jusqu’à l’hémicycle tapissé de rouge du château royal, tandis que le chef de l’Etat fera son entrée au milieu d’une haie de gardes républicains.

Comme l’an dernier, les députés de la France insoumise ont décidé de boycotter l’invitation, refusant d’entendre "le monarque" sans débat possible. Quelques députés des Républicains ne s’y rendront pas non plus, critiquant le coût et l’utilité du discours.

Et les chefs de file Les Républicains de l’Assemblée et du Sénat ont refusé l’invitation à déjeuner avec Emmanuel Macron juste avant le discours.

L’Elysée souligne que le président ne fait qu’appliquer une disposition de la réforme constitutionnelle de 2008 voulue par Nicolas Sarkozy. Elle permet au chef de l’État de prendre la parole devant les deux chambres du Parlement réunies et "sa déclaration peut donner lieu, hors sa présence, à un débat qui ne fait l’objet d’aucun vote".

"Eteindre la mèche"

Mais M. Macron transforme "une prise de parole présidentielle facultative et exceptionnelle en discours annuel de politique générale auquel les parlementaires ne pourront répondre qu’en son absence sans pouvoir voter", et ainsi "dénature l’esprit de la Ve République", a accusé samedi la secrétaire générale des Républicains Annie Genevard.

Dans son discours, le chef de l’Etat "tracera les grandes lignes de son action pour l’année à venir et la mettra en perspective, mais ce discours n’a pas vocation à entrer dans le détail d’annonces", a indiqué la présidence.

Il pourrait rappeler sa philosophie sur l’aide sociale, pour passer d’une "logique essentiellement compassionnelle, qui assigne trop souvent les individus dans les prestations sociales sans perspectives de sortie des dispositifs, à une politique sociale qui émancipe", a espéré la présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, Brigitte Bourguignon, qui représente l’aile gauche de LREM.

Une nécessité, pour le député LREM Frédéric Barbier, qui estime dans Le Monde de samedi que depuis un an, "si l’on peut constater certaines avancées sociales, pour autant, l’équilibre n’a pas encore été trouvé", et qu’"un bouleversement est attendu afin de sortir des logiques comptables et budgétaires".

M. Macron pourrait donc, selon une source parlementaire, "éteindre la mèche" de sa sortie provocatrice sur le "pognon de dingue" que coûtent les aides sociales sans pour autant sortir leurs bénéficiaires de la pauvreté.

Mais il ne détaillera pas le futur plan pauvreté, reporté à la rentrée, le temps d’effectuer des arbitrages budgétaires.

"J’espère qu’il va parler de la pauvreté", a cependant commenté le président (LR) du Sénat Gérard Larcher, qui souhaite aussi qu’il aborde la défense de la laïcité.

Le président devra aussi tenir compte de l’opinion. Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et franceinfo paru jeudi, à peine le tiers des Français estiment sa politique "juste" (29 %) ou "efficace" (34 %). S’il est toujours jugé "dynamique" (à 75 %), le président incarne de moins en moins le renouveau (52 %) et seuls 45 % le trouvent "sympathique".

Lors de sa première intervention devant le congrès, le 3 juillet 2017, le nouveau chef de l’Etat avait annoncé son intention d’en faire un rendez-vous annuel, à l’image des "discours sur l’état de l’Union" des présidents américains, avait expliqué le porte-parole du gouvernement d’alors, Christophe Castaner. Pour un coût chaque fois de l’ordre de 300.000 euros.

L’an dernier, le discours à Versailles représentait une rupture avec une rareté organisée de la parole présidentielle, qui n’a plus cours. M. Macron avait notamment écarté une interview télévisée le 14-Juillet. Ce discours intervenait aussi à la veille du discours de politique générale de son Premier ministre.

Il avait été l’occasion d’annoncer la réduction du nombre de parlementaires et la fin programmée de l’état d’urgence, et, déjà, de fustiger des aides sociales qui transforment les bénéficiaires "en mineurs incapables" ou "en assistés permanents".

Emmanuel Macron est le troisième président français à s’exprimer devant les parlementaires sous les ors de Versailles. François Hollande y avait fait une allocution solennelle trois jours après les attentats du 13 novembre 2015, après Nicolas Sarkozy en juin 2009.

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