Macron promet « la sécurité » à Mayotte en proie à l’immigration clandestine

"La France, c’est la sécurité". Emmanuel Macron, arrivé mardi à Mayotte, veut apporter "des réponses extrêmement concrètes" aux difficultés de l’archipel, en particulier sur l’immigration clandestine et le développement économique, avant de poursuivre mercredi son déplacement de quatre jours à La Réunion, appelée à la "grève générale".

"La France, c’est la sécurité, la France, c’est la santé, la France, c’est l’école, ce sont des chances données a Mayotte pour réussir", a lancé le chef de l’Etat à Mamoudzou devant un millier de Mahorais dont certains agitaient de petits drapeaux tricolores.

"Il n’y a aucune fatalité", a-t-il assuré, louant la position stratégique, dans le canal du Mozambique, de l’archipel, en proie à une très forte immigration clandestine issue pour sa quasi-totalité des Comores voisines qui voient en lui un Eldorado.

M. Macron a surtout été applaudi lorsqu’il a annoncé l’allongement de la piste de l’aéroport de Dzaoudzi, en Petite terre, pour désenclaver le territoire, une revendication de très longue date de la population, et une promesse de Jacques Chirac en 2001. Le député Mansour Kamardine (LR) a promis de rester "vigilant".

Sur l’immigration clandestine, M. Macron a affiché sa fermeté tout en assurant qu’il ne remettrait "jamais en cause le droit d’asile".

"C’est un discours qui ne veut rien céder à la remise en cause de nos principes fondamentaux et constitutionnels – qui est le discours du Front national -, rien (non plus) à un irénisme [attitude de compréhension vis-à-vis de l’autre] qui voudrait fermer les yeux et ne pas voir qu’il y a un sujet et qu’il y a une immigration clandestine qui pose problème", a-t-il expliqué à BFMTV.

A Mamoudzou, il a assuré que l’opération Shikandra [nom d’un poisson qui mord quand on s’approche de son nid] contre l’immigration clandestine lancée en août dépasserait son objectif de 25.000 reconduites à la frontière en 2019.

– "Gestes forts" –

A peine arrivé, il a embarqué à bord d’un navire intercepteur de Shikandra de la police aux frontières, dont le rôle est d’empêcher les kwassas-kwassas, embarcations de fortune transportant des migrants, d’accoster sur le sol mahorais.

Dans cet archipel de 374 km2, devenu département français en 2011, 48% des 256.000 habitants sont des étrangers selon l’Insee, dont 95% de Comoriens. Ces derniers sont nombreux à tenter la traversée depuis l’île comorienne d’Anjouan, à 70 km de là. En juillet, le corps d’un petit enfant retrouvé sur les côtes avait soulevé une vive émotion.

"On attend des gestes forts (…), un vrai plan de lutte contre l’immigration clandestine, pas seulement de faire du chiffre en faisant des reconduites", avait lancé avant l’arrivée de M. Macron Estelle Youssouffa, présidente d’un Collectif des citoyens de Mayotte. Elle a été interpellée mardi à Mamoudzou, selon la préfecture, qui n’en a toutefois pas précisé les raisons.

Ce collectif, qui avait été à l’origine du mouvement social qui avait paralysé l’île au printemps 2018 pour dénoncer l’insécurité et l’immigration clandestine, avait appelé la population à "porter du blanc" mardi "en signe de protestation contre le traitement qui est fait à Mayotte", mais très peu d’habitants ont suivi la consigne.

– "Plus de moyens" –

M. Macron se rend dans l’après-midi à Hamjago, dans la commune de M’tsamboro, au nord-ouest de Mayotte, là où débarquent massivement les Comoriens.

C’est là, non loin d’un fief du Rassemblement national, M’tsahara, qu’il rencontrera la population et s’exprimera en fin de journée.

Le député RN Louis Aliot a dénoncé par avance sur Radio Classique les "plans de communication permanents" du Président face à une "situation explosive".

Auparavant, M. Macron rencontrera les maires de Mayotte pour évoquer le développement économique du territoire et le "contrat de convergence", signé en juillet à Paris, qui prévoit 1,6 milliard d’euros pour la construction d’infrastructures scolaires et routières, l’accès à l’eau et à la santé. Un montant nettement insuffisant selon le collectif de Citoyens.

Le chef de l’Etat a aussi fait valoir une série de mesures déjà annoncées: un nouveau commissariat, "plus de moyens" pour la justice, une Agence régionale de santé (ARS) au 1er janvier 2020, un deuxième hôpital à venir, "800 classes nouvelles ouvertes" pendant le quinquennat.

"Les engagements que j’ai pris devant vous, je viendrai en rendre compte", a-t-il assuré.

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