Macron : « Je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque »

Dans « La Nouvelle Revue française », le président se confie sur son rapport aux lettres. « Le Monde » publie des extraits de l’entretien.

Quel est le rapport d’Emmanuel Macron aux lettres ? Pour répondre à cette question, La Nouvelle Revue française a interrogé le chef de l’État, dans un long entretien dont Le Monde publie des extraits. Colette, Giono, Gide, Camus…, le président revient notamment sur les auteurs qui l’ont inspiré dans sa jeunesse et ont forgé sa vision du monde. « J’ai fait beaucoup de philosophie, mais c’est surtout la littérature qui m’a structuré, à la fois pour les grands personnages et le sens du détail », retrace le chef de l’État.

Une fibre littéraire et artistique que l’on retrouverait, selon lui, chez d’autres dirigeants. « Avec un homme comme Vladimir Poutine, l’art, la musique, la littérature, l’histoire ont une résonance forte. Je l’ai constaté à Versailles récemment à travers la figure de Pierre le Grand », affirme le chef de l’État. A contrario, la chancelière allemande aurait une sensibilité différente : « Angela Merkel est plus scientifique que littéraire dans son approche des choses, mais la musique a pour elle une grande importance. »

« Je suis une aberration »

Mais le président de la République revient aussi sur le lien qui unit les Français à la vie politique, et l’aspect « romanesque » qui est, pour lui, inhérent à cette relation. « Les Français sont malheureux quand la politique se réduit au technique, voire devient politicarde. Ils aiment qu’il y ait une histoire. J’en suis la preuve vivante ! (…) Du point de vue du système politique traditionnel, je suis une aberration. Si la politique se résumait à cette sorte de chimie qui fait son œuvre comme si de rien n’était, je ne serais pas là. En réalité, je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque : cela ne se résume pas en formules, mais c’est bien cela, le cœur de l’aventure politique. En somme, on est toujours l’instrument de quelque chose qui vous dépasse », avance le chef de l’État.

Emmanuel Macron aborde aussi l’hommage populaire rendu aux funérailles de Johnny Hallyday. « Je le connaissais et je connais des admirateurs ; je savais qu’ils ne voulaient pas d’un discours. J’ai passé une nuit à l’écrire en sachant parfaitement que ce discours ne servirait à rien, que les gens n’en voulaient pas, et surtout pas d’un discours du président de la République, explique-t-il. Les gens ne vous reconnaissent comme un des leurs que si vous prouvez que vous êtes capable de partager leur émotion. Que vous ne les prenez pas de haut. Je ne sais pas si j’y suis arrivé, mais beaucoup sont venus me remercier pour ce que j’avais dit à ce moment-là. »

« Mai 68, ce fut un moment. Il est passé »

Interrogé sur Mai 68, le président a tenu à différencier la contestation d’alors avec celle qui traverse actuellement le pays. « Mai 68 a été, voici cinquante ans, un moment de confrontation avec le pouvoir. Cela correspond à un instant historique qui avait ses fondements et son actualité alors. Aujourd’hui, nous vivons quelque chose de très différent dans le rapport entre la société et le pouvoir. Mai 68, ce fut un moment. Il est passé. Nous sommes dans une autre configuration », soutient le chef de l’État.

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