La Commission de la CEDEAO a indiqué qu’elle reconnaîtra le verdict des urnes si la conduite du second tour sont approuvées par des observateurs crédibles.
La Commission, qui a souligné que l’appel au boycott "porte atteinte à l’élection et au processus démocratique", a averti que les dirigeants politiques et toute personne ou tout groupe de personnes qui pousseront leurs concitoyens à faire usage de violences "seront tenus individuellement et collectivement responsables de leurs actes".
La CEDEAO a dépêché 200 observateurs pour surveiller le scrutin qui doit opposer la présidente sortante (43,9 % des suffrages au premier tour) à Winston Tubman (32,7 % des voix). Ce dernier a appelé vendredi au boycott du scrutin et invité ses partisans à un rassemblement samedi au siège de son parti à Monrovia.
"Nous informons officiellement le peuple libérien et le monde que le Congrès pour le changement démocratique (CDC, son parti) ne peut pas participer au scrutin du 8 novembre. Nous appelons tous les partisans du CDC, tous les sympathisants et tous les Libériens à ne pas se rendre aux urnes le 8 novembre", a déclaré M. Tubman, lors d’une conférence de presse. Le gouvernement, qui sera issu du scrutin de mardi, n’aura "pas de mandat national à gouverner et ne sera pas reconnu par le CDC", a-t-il prévenu.
Les observateurs de l’Union africaine (UA) se sont déclarés, de leur côté, "très préoccupés" par l’appel au boycott de ce scrutin lancé par le principal opposant à la présidente sortante, invitant les Libériens à aller voter.
"Nous sommes très préoccupés, c’est un mauvais signal", a affirmé samedi soir à la presse Speciosa Wadira Kazibwe, ancienne vice-présidente ougandaise et chef de la mission des observateurs de l’UA.
Elle a relevé que M. Tubman et son parti, le Congrès pour le changement démocratique (CDC), n’avaient pas contesté les résultats des législatives et sénatoriales qui s’étaient déroulées en même temps que le premier tour de la présidentielle.
"On ne peut pas d’un côté dire que les législatives et les sénatoriales sont crédibles et de l’autre que la présidentielle ne l’est pas", a-t-elle dit.
Winston Tubman a dénoncé avec d’autres opposants des fraudes présumées commises au premier tour, et obtenu la démission du président de la Commission électorale nationale (NEC), James Fromayan, responsable, selon eux, de ces fraudes au profit de la présidente sortante.
L’appel au boycott inquiète également le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui a exhorté les Libériens à ne pas recourir à la violence.
"Le Secrétaire général soutient les efforts conjoints de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de son Représentant spécial pour le Libéria pour promouvoir le dialogue entre les acteurs libériens, dans un effort de construire la confiance dans le processus électoral", a souligné son porte-parole. Il a appelé tous les Libériens à garantir que la paix soit maintenue.
La sécurité des élections libériennes est essentiellement assurée par les quelque 8.000 hommes de la mission de l’ONU au Liberia (Minul).