Liban : les sunnites en colère contre la désignation du nouveau Premier ministre

Des manifestants bloquent vendredi plusieurs axes routiers au Liban pour dénoncer la désignation d’un Premier ministre soutenu par le mouvement chiite Hezbollah, ayant suscité l’ire de la communauté sunnite.

Agé de 60 ans, Hassan Diab, un universitaire et ancien ministre de l’Education peu connu du grand public, a été désigné jeudi au terme d’un vote lors de consultations parlementaires menées par le chef de l’Etat, conformément à la Constitution.

Sa nomination a été soutenue par le Hezbollah et ses alliés, dont le parti du chef de l’Etat, mais n’a pas recueilli le soutien du principal bloc parlementaire sunnite du pays, présidé par le Premier ministre sortant Saad Hariri.

La désignation de M. Diab, présenté comme indépendant et "technocrate", intervient deux mois après le début le 17 octobre d’un mouvement de contestation inédit contre la classe dirigeante ayant entrainé 12 jours plus tard la démission de M. Hariri.

Mais cette nomination n’a pas calmé la rue: bien que sunnite lui-même, M. Diab n’a pas le soutien de sa communauté, qui lui reproche d’être appuyé par le Hezbollah chiite.

A l’image de la défiance des manifestants sunnites, seuls cinq députés, sur les 69 voix qui se sont exprimées en faveur de M. Diab, sont sunnites, ont indiqué des médias locaux.

Dans ce pays multiconfessionnel, le poste de Premier ministre est dévolu à un sunnite.

A Tripoli, une ville du nord majoritairement sunnite, les écoles sont fermées vendredi tandis que des manifestants bloquent les routes en appelant à la grève générale, selon un correspondant de l’AFP.

Les manifestants ont aussi coupé d’autres axes routiers dans plusieurs régions du nord, dont celle d’Akkar, et de l’est, en mettant le feu à des pneus et en alignant des bennes d’ordures, d’après l’agence nationale de l’information (ANI).

M. Hariri, considéré comme le dirigeant de la communauté sunnite du pays et pressenti jusqu’à récemment pour diriger le prochain gouvernement, n’a pas apporté de soutien franc à M. Diab.

"Ce n’est pas moi qui formerai le prochain gouvernement, mais je suis inquiet parce que je crains pour le pays", a t-il déclaré à une chaîne locale.

Les deux hommes doivent se rencontrer vendredi, dans le cadre d’une tournée protocolaire de M. Diab.

M. Hariri doit également rencontrer le sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires politiques, David Hale, qui se trouve au Liban pour rencontrer de hauts responsables, dont le président Michel Aoun.

Le pays vit depuis le 17 octobre au rythme d’un mouvement sans précédant réclamant le départ de l’ensemble de la classe politique et de vives craintes d’un effondrement économique et financier.

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