Les relations entre Triploi et Berne de nouveau mises à mal.
Le torchon continue de brûler entre la Libye et la Suisse. Une tension relancée par l’appel du Colonel Mouammar Khadafi à la guerre sainte.
L’appel du dirigeant libyen a fait la Une de la presse suisse, mais les médias ne se sont pas pour autant affolés. Les experts se sont succédés sur les plateaux de télévisons et de radios pour expliquer à l’opinion publique que toute personne appelant au jihad doit jouir d’une légitimité religieuse. Or le colonel Kadhafi n’en a pas.
Interrogé par la Radio Suisse Romande, le directeur du Centre de recherche sur le Monde arabe et méditerranéen de Genève, Hasni Abidi estime « qu’il n’est pas à craindre que cet appel soit entendu par des mouvements islamistes" car, selon lui, « la Libye combat aux côtés des Américains les organisations comme Al Qaïda".
Un avis que partage le directeur de la Fondation de l’Entre-Connaissance à Genève (oeuvrant pour une meilleure compréhension entre l’islam et le christianisme). Dans une interview à la Télévision Suisse Romande, Hafid Ouardiri pense qu’on arrive à la fin. "Quand ce genre de situation atteint de tels extrêmes, c’est pour trouver un dénouement ».
En attendant ce « dénouement », les musulmans helvètes protestent contre l’appel au djihad du guide libyen .La France a, quant à elle, réagi en qualifint les déclarations de Kadhafi d’"inacceptables". "C’est par la négociation que le différend entre la Libye et la Suisse doit être réglé » a souligné le porte parole du ministère des affaires étrangères. Bernard Valéro rappelle que Paris soutient les efforts entrepris en ce sens par la présidence de l’Union Européenne. Même son de cloche à l’ONU. Le directeur général des Nations Unies à Genève a jugé ces propos « inadimissibles dans le cadre des relations internationales » et Ban Kimoun regrette que cette affaire ait pris une telle tournure.
La détérioration des relations entre la Suisse et la Libye remonte à juillet 2008. L’un des deux fils du colonel Kadhafi, Hannibal fait l’objet d’une interpellation musclée suite aux plaintes de deux domestiques pour mauvais traitements. Quatre jours plus tard, réponse du berger à la bergère. Deux Suisses sont jugés par les autorités libyennes pour « séjour illégal » et « exercice d’activités économiques illégales. Rachid Hamdani et Max Göldi ont été condamnés à 16 mois de prison. L’un d’eux a récemment été libéré. L’autre purge une peine de quatre mois de prison en Libye.
Triploi avait, également, décidé de retirer la plupart de ses fonds des coffres helvètes et d’interrompre ses livraisons de pétrole à la Suisse. Celle-ci, membre de l’espace Shengen, a par ailleurs mis en place une politique restrictice en matière d’octroi de visas à des citoyens libyens. Ce qui avait provoqué la colère de la Libye ayant décidé à son tour de réserver le même sort aux Européens.